Le célèbre service de cartographie du géant de l’Internet propose désormais une carte bien plus détaillé de la très secrète Corée du Nord. Y figurent les principaux sites nucléaires et les goulags de la dictature communiste.
C’est une plongée numérique inédite dans la terra largement incognita de Corée du Nord. Dans la nuit du 28 au 29 janvier, Google a mis à jour son service Maps pour inclure des détails cartographiques du territoire réputé ultrasecret de la dictature communiste asiatique.
Car on peut notamment y voir une image satellite détaillée du centre de recherche nucléaire de Yongbyon, à une centaine de kilomètre au nord de la capitale nord-coréenne. Même le site de Punggye-ri, dans le nord du pays, où le régime serait en train de travailler à de nouveaux tests nucléaires apparaît sur la carte, au bout de la bien nommée Nuclear Test Road, (route des tests nucléaires, en français) - c’est, du moins, le nom qu’a choisi Google pour cette voie.
En outre, les principaux camps d’emprisonnement - les goulags nord-coréens où sont internés près de 200 000 personnes selon Amnesty International - y trouvent leur place aux quatre coins du pays. On y découvre également l’existence de bien des routes, et même d’autoroutes, autour de Pyongyang, la capitale nord-coréenne. Une information absente jusqu’alors absente de Google Maps.
Pongyang et sa ferme d’autruches
Un effort de cartographie qui ne s’est pas fait du jour au lendemain. Si le géant de l’Internet s’est largement inspiré des photos satellites (disponibles auprès de société américaine comme DigitalGlobe) pour quadriller le terrain, il a aussi fait appel aux bonnes volontés d’internautes lambda. “Une communauté de cartographes citoyens a contribué, grâce à Google Map Maker [un outil qui permet à chacun d’apporter des détails aux cartes de Google Maps, NDLR], à ajouter les noms des rues et les point d’intérêts”, souligne Jayanth Mysore. Ces informations ont été récoltées en l’espace de plusieurs années, précise le géant de l’Internet. Probablement le temps de recouper les sources et éviter des erreurs grossières.
Ces ajouts - essentiellement apportés par des touristes - permettent notamment de voir où se situe, photo à l’appui, la maison de naissance de Kim Il-Sung, le fondateur de la République populaire démocratique de Corée en 1948. D’innombrables clichés illustrent également les divers sites touristiques, de la ferme d’autruches au nord de la capitale au temple de Songbulsa, prés de Sariwon, au sud du pays.
Mais au delà de l’aspect touristique, Google justifie cette mise à jour par la volonté d’apporter des informations “aux citoyens de Corée du Sud qui auraient des ancêtres ou de la famille encore vivante en Corée du Nord”.
Ce premier effort donne un résultat encore largement approximatif, du fait de la sacro-sainte culture nord-coréenne du secret. Cette nouvelle carte du pays n’a ainsi rien à voir avec le niveau de détail d’une banlieue des États-Unis. Ainsi, la zone démilitarisée à la frontière avec la Corée du Sud ressemble encore à un vaste no mans land. Et les emplacements des différents goulags se résument essentiellement à des vastes zones grises, donnant au mieux une idée de la taille de ces camps.