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In Amenas : le Premier ministre algérien lève le voile sur la prise d'otages

Le Premier ministre algérien est revenu, ce lundi au cours d'une conférence de presse, sur le déroulement de la prise d'otages sur le site gazier d'In Amenas. 37 étrangers et 29 djihadistes ont été tués, selon le bilan provisoire qu'il a dressé.

Bilan provisoire de la prise d’otage

Nombre total d’employés du site :

  • 790 employés dont 134 étrangers de 26 nationalités

Victimes :

  • 37 étrangers tués, dont 7 corps non identifiés
  • 1 Algérien tué
  • 5 étrangers toujours portés disparus
  • Nationalités identifiées des défunts : 1 Français, 3 Américains, 2 Roumains, 3 Britanniques, 6 Philippins et 7 Japonais.

Assaillants :

  • 29 djihadistes tués
  • 3 djihadistes arrêtés
  • Nationalités : 11 Tunisiens, 3 Algériens, 1 Mauritanien, 2 Nigériens, 2 Canadiens, des Egyptiens et des Maliens. 

Même si des zones d'ombre persistent, le voile se lève peu à peu sur les circonstances exactes de la prise d’otages sanglante par un groupe terroriste sur le site gazier d’In Amenas, dans le Sahara algérien. Lors d’une conférence de presse donnée lundi après-midi à Alger, le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a commencé à dresser un déroulé des faits et établi un nouveau bilan de l’attaque, qui a débuté mercredi 16 janvier et s’est achevée samedi 19 janvier.

Au moins trente-sept étrangers de huit nationalités différentes et un Algérien ont été tués lors de l'attaque et de la prise d'otages de centaines d’employés, a annoncé lundi le Premier ministre algérien. Parmi les 37 victimes étrangères, sept corps demeurent non identifiés. "Il s'agit d'un bilan provisoire", a précisé le chef du gouvernement. Cinq étrangers sont par ailleurs toujours portés disparus après l'attaque.

Abdelmalek Sellal n'a pas donné de précision quant à la nationalité des victimes. Parmi les étrangers dont la mort a été confirmée par leurs pays figurent un Français, trois Américains, deux Roumains, trois Britanniques, six Philippins et sept Japonais.

Du côté des preneurs d'otages, 29 d'entre eux ont été tués et trois arrêtés, selon le Premier ministre.

Un premier bilan officiel samedi soir donnait 23 personnes tuées, des étrangers et des Algériens.

"Aucune négociation possible"

L’objectif initial du groupe terroriste, composé d’une trentaine de personnes venues du Mali, était de kidnapper des employés étrangers du site cogéré par l’algérien Sonatrach, le norvégien Statoil et le britannique BP, "afin d’augmenter le nombre d’otages au Mali et de négocier avec les puissances étrangères", estime Abdelmalek Sellal.

À 5 kilomètres de Tiguentourine, le groupe attaque donc, mercredi 16 janvier au matin, un bus transportant des employés étrangers du site vers l’aéroport d’In Amenas. Mais les assaillants font face à une vive résistance de l’escorte armée du bus et l’opération échoue. Un employé est blessé, un autre tué.

Forts de cet échec, les assaillants se scindent en deux groupes et partent occuper simultanément les deux pôles du site qui fait plus de 15 hectares : la base de vie des employés et le complexe gazier. C’est avec un arsenal digne d’une armée qu’ils mènent l’attaque : fusils mitrailleurs, fusils d’assaut, fusils à lunette, mortier avec roquettes, missiles avec rampe de lancement, lance-roquettes et grenades ont été retrouvés sur le site, dimanche, par les autorités algériennes.

Dans la base de vie, les assaillants ouvrent rapidement le feu sur un agent de sécurité algérien qui a le temps de donner l’alerte avant de succomber, permettant ainsi à de nombreux travailleurs de se cacher, précise le Premier ministre. Les autres sont kidnappés et harnachés d’explosifs. "Nous avons compris que leur but était de prendre en otage tous les étrangers", poursuit le Premier ministre.

La première tentative de négociation entre autorités algériennes et terroristes échoue : les revendications des terroristes étaient "claires" et "sans issue". Le chef du groupe, Mokhtar Belmokhtar, demandait à Paris "l'arrêt de la guerre livrée par la France" au Mali. Il voulait aussi procéder à un échange d’otages avec les États-Unis. Des conditions balayées sans hésitations par Alger. "Ils se sont fourvoyés dans des négociations sans issue avec des revendications inacceptables et la négociation est devenue impossible", assure Abdelmalek Sellal.

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Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal

Des bombes humaines

À ce stade, les assaillants envisagent toujours d’emmener les otages au Mali. Mais face aux renforts de l’armée algérienne qui resserre l’étau autour du site, ils décident finalement de transporter les travailleurs étrangers depuis la base de vie jusqu’au complexe où onze autres terroristes détiennent des dizaines d’autres employés.

"Ils ont mis trois ou quatre étrangers dans chaque véhicule", poursuit M. Sellal, qui ajoute qu’otages et voitures étaient piégés. Mais les convois sont interceptés par les forces spéciales algériennes : trois voitures des terroristes explosent, deux autres sont retournées et un nombre indéterminé d’otages et assaillants sont tués dans l’opération. Les survivants sont libérés pour les uns, arrêtés pour les autres.

L’opération rentre alors dans sa seconde phase. Les forces algériennes se concentrent désormais sur l’usine où elles entrent en contact avec l’un des terroristes qui menace de faire exploser le site si l'armée algérienne s'approche trop près du complexe. Une opération de déminage des installations de l'usine de gaz en cours depuis dimanche a révélé que le site était effectivement miné.

Samedi, les forces spéciales lancent l’assaut final "pour libérer les otages et protéger le complexe". Pendant ce temps, les assaillants se livraient, eux, à des attaques ciblées, exécutant de nombreux otages "d'une balle dans la tête".

Des terroristes originaires du nord du Mali

Les assaillants sont venus du nord du Mali, a ajouté Abdelmalek Sellal. "Onze Tunisiens, trois Algériens, un Mauritanien, deux Nigériens, deux Canadiens, des Égyptiens et des Maliens" composaient le commando, a-t-il déclaré.

Ils étaient membres des Signataires par le sang, un groupe créé par Mokhtar Belmokhtar, l'un des fondateurs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qu'il a quitté en octobre dernier pour lancer son propre groupe.

Mais c’est l'Algérien Mohamed el-Amine Benchenab qui a dirigé le commando lors de l'attaque. Très connu des services de renseignements algériens, Benchenab a été tué durant le premier assaut lancé par les forces de l'ordre, a précisé le Premier ministre. C’est ensuite un terroriste canadien dit "Chedad" qui a coordonné les opérations.