
Après huit ans de succès avec l'équipe de France, le gardien Daouda Karaboué prend sa retraite internationale. Il espère décrocher un dernier titre lors des Championnats du monde, avant de se consacrer pleinement à son association en Côte d'Ivoire.
À 37 ans, Daouda Karaboué est bientôt un jeune retraité. Quelques jours après le début des Championnats du monde de handball, le gardien des Bleus a annoncé qu’il disputait son ultime compétition internationale.
"J’avais déjà hésité à prendre ma retraite après les Jeux olympiques. C’est quelque chose que j’ai pas mal mûri. J’arrive à un certain âge et toute chose à une fin", explique à FRANCE 24 le joueur, qui évolue en championnat au club du FENIX Toulouse handball.
Cette décision ne l’empêche pas de briller depuis le début du tournoi. Élu meilleur joueur lors du match contre le Monténégro, il contribue activement aux succès des Experts : quatre victoires en autant de rencontres. Les Français sont premiers de leur groupe et sont déjà qualifiés pour les 8e de finale. "Ça va plutôt bien. Quand on gagne, l’humeur est toujours bonne ! Mais avec l’équipe, on sait que les choses sérieuses vont bientôt commencer", annonce Daouda à la veille d’affronter l’Allemagne pour le dernier match de poule.
"Je ne suis pas une doublure"
Ces belles performances lui permettent de faire taire les critiques. Souvent dans l’ombre de Thierry Omeyer, le portier titulaire des Bleus, Daouda a dû se battre pour garder sa place dans l’effectif : "J’ai toujours répété aux gens que je ne me voyais pas en tant que doublure. Je suis le gardien de l’équipe de France de handball. Quand je fais des arrêts, cela compte autant que les autres pour la victoire !"
Son palmarès parle de lui-même. Depuis son arrivée en équipe de France en 2004, le gardien aux dreadlocks a remporté deux titres de champion du monde, deux titres olympiques et deux titres de champion d’Europe. Une carrière riche dont il veut surtout retenir les émotions : "À chaque fois qu'on reçoit les médailles, ce sont des moments très très forts ! Tu repenses au travail, aux sacrifices que tu as fournis et à tout ce qu’on a pu vivre."
Développer le handball en Afrique
Même s’il va prochainement quitter les terrains, Daouda ne va pas s’éloigner du monde du sport. Depuis 2007, il a fondé une association "Cœur Afrique" qui vise à développer la pratique du handball en Côte d’Ivoire. "On essaye de sortir des enfants des quartiers défavorisés pour qu’ils continuent leurs études jusqu’au bac. On met en place des programmes pour former des entraîneurs. À plus long terme, on souhaite aussi faire en sorte que les enfants les plus doués puissent aller dans une académie de handball qu’on va construire", raconte l’international, qui suit parallèlement des études de management des organisations sportives.
Né à Abidjan, "Doudou" comme on le surnomme, a gardé un profond attachement pour son pays d’origine. Ce n’est qu’à l’âge de 10 ans qu’il est arrivé en France pour suivre son père, chauffeur de Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, la femme du premier président ivoirien : "Une personne sans histoire, c’est comme un arbre sans racines, comme on dit en Afrique. Tu dois savoir d’où tu viens. Je me sens tout à fait Français, mais je suis tout autant Ivoirien."
"Une bande de copains"
Pour l’épauler dans ses actions, le gardien des Experts peut compter sur ses coéquipiers. Luc Abalo et Didier Dinart l’ont déjà accompagné lors de ses nombreux voyages dans la capitale ivoirienne. "Je ne désespère pas de faire venir Nikola Karabatic malgré son emploi du temps chargé !", rigole-t-il avant d’ajouter : "On est vraiment une bande de copains. On vient d’un milieu de sport collectif. On est là pour se soutenir sur et en dehors du terrain."
Un "groupe de potes" qui est actuellement en quête d’un troisième titre de champion du monde consécutif. Avant de dire adieu aux Bleus, Daouda espère monter une nouvelle fois sur la plus haute marche du podium : "Je suis là pour ça. J’ai prolongé pour décrocher une dernière étoile avec l’équipe de France. Après, ce sera une autre vie !"