
Des islamistes ont attaqué un site pétrolier dans le sud-est de l'Algérie, ce mercredi, prenant en otage 41 Occidentaux. Ils exigent "l’arrêt immédiat" des opérations françaises au Mali, qu'ils qualifient "d'agression".
Des islamistes armés disant venir du Mali ont attaqué, ce mercredi, un site d’hydrocarbures de BP dans la région d'In Amenas, dans le sud-est de l'Algérie. Selon l'agence officielle algérienne APS, qui cite une source préfectorale, l’attaque a fait deux morts - deux étrangers, dont un Britannique - et six blessés au moins.
Les islamistes, qui se revendiquent d'Al-Qaïda, affirment avoir pris en otage 41 Occidentaux, de neuf à dix nationalités différentes, dont sept Américains, des Français, des Britanniques et des Japonais, rapportent deux sites d'informations mauritaniens, Agence Nouakchott d'information et Sahara Medias, citant un porte-parole du mouvement. Selon le quotidien algérien al-Watan, "cinq otages sont retenus dans l'usine alors que les 36 autres se trouvent sur la base-vie de la société".
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En outre, 150 employés algériens d'une filiale de la société CIS Catering sont retenus sur le site, a déclaré le P-DG de la société Régis Arnoux interrogé par le JDD.fr. "Ils n'ont pas le droit de sortir de la base", a-t-il précisé.
"La prise d'otages est toujours en cours et les forces de sécurité algériennes encerclent les islamistes", précisait plus tôt dans l’après-midi Kamel Zaït, correspondant de FRANCE 24 en Algérie.
Les islamistes assurent que toute tentative pour libérer les otages conduira à une "fin tragique", rapporte l'agence de presse mauritanienne ANI. "Le groupe menace de faire exploser la base en cas d'intervention des forces algériennes", ajoute Kamel Zaït.
Toujours d'après ANI, les preneurs d’otages exigent la fin des opérations militaires françaises au Mali en échange de la sécurité des captifs et la libération d’une centaine d’islamistes détenus en Algérie. Le ministre algérien de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia, a déclaré que les autorités algériennes "ne répondront pas aux revendications des terroristes et refusent toute négociation", selon des propos rapportés par l'agence APS.
Si Washington a confirmé que des Américains figurent parmi les otages en Algérie, Paris affirme ne pas être en mesure de fournir des chiffres.
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"Une prise d'otages a lieu en Algérie sur un site pétrolier avec un nombre de personnes retenues dont nous ne pouvons pas encore connaître l'exactitude, et de même pour les ressortissants français qui pourraient être concernés", a déclaré le président François Hollande, ce mercredi, lors de ses vœux aux parlementaires.
Des otages contraints d'enfiler des ceintures d'explosifs
L'attaque et la prise d'otages ont été menées par un groupe se revendiquant d'Al-Qaïda venu du nord du Mali, la katiba des Moulathamine, a indiqué l’agence de presse mauritanienne Ani. La katiba des Moulathamine est dirigée par Mokhtar Belmokhtar, chef islamiste actif depuis des années dans le Sahara qui a fondé la milice l'an dernier, vraisemblablement après des dissensions avec d'autres dirigeants.
"Nous sommes des membres d'Al-Qaïda et nous sommes venus du nord du Mali. Nous appartenons à la brigade Khaled Aboul Abbas-Mokhtar Belmokhtar", a indiqué de son côté un combattant joint par téléphone par l’AFP, en rappelant que Belmokhtar avait "menacé de riposter à toute intervention militaire au Mali".
"Ils ont attaqué les deux sites en même temps, ils sont entrés à l'intérieur et, une fois qu'il a fait jour, ils ont rassemblé tout le monde", déclare un otage français joint au téléphone par FRANCE 24, qui ne peut toutefois pas garantir que son témoignage n'a pas été fait sous la contrainte. Il affirme que près de lui se trouvent des ressortissants britanniques, japonais, philippins et malaisiens. Selon lui, leurs ravisseurs sont lourdement armés et ont contraint certains otages à enfiler une ceinture d'explosifs.
La France mène depuis vendredi une opération militaire au Mali pour y repousser une offensive de groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda. L'Algérie a autorisé la France à traverser son espace aérien.
Huit otages français sont déjà détenus au Sahel. Les menaces proférées par les groupes islamistes qui contrôlent le nord du Mali ont plongé leurs familles dans l'angoisse. François Hollande a déclaré mardi qu'il était "encore temps" pour les ravisseurs de "rendre à leurs familles" les otages.