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Affaire Armstrong : le cyclisme bientôt banni des Jeux olympiques ?

L'affaire Armstrong fait trembler le cyclisme mondial. Un membre du Comité international olympique souhaite que ce sport soit exclu des JO s'il est avéré que l'Union cycliste internationale (UCI) a couvert le dopage de l'ancien champion.

L’ancien président de l'Agence mondiale antidopage (AMA) et actuel membre du Comité international olympique (CIO), Richard Pound, a jeté un pavé dans la mare, mardi, en évoquant la possible exclusion du cyclisme du programme des Jeux olympiques.

Selon cet officiel canadien, ce sport doit être tout simplement radié des JO s’il est prouvé que les dirigeants de l’Union cycliste internationale (UCI) ont étouffé le dopage de Lance Armstrong.

"Le seul moyen de nettoyer tout, ça serait que tous ces gens se disent : 'Hé, on n’est plus aux Jeux et on veut y être, donc regagnons notre place'", a expliqué Richard Pound dans un entretien accordé à l’agence Reuters.

Implication de l’UCI ?

Une commission indépendante a, en effet, été chargée de faire la lumière sur les allégations contenues dans le rapport de l’Agence américaine antidopage (Usada). D’après ces documents, l’UCI aurait couvert le champion déchu lors d’un contrôle positif en 2001, et cela contre une rémunération.

Comme l’affirme le New York Times, Lance Armstrong serait prêt à mettre en cause l'ancien et l'actuel patron de l'UCI, Hein Verbruggen et Pat McQuaid, en échange d’une réduction de sa radiation à vie.

Pour Richard Pound, si ces agissements sont confirmés, le CIO n’aurait pas d’autre choix que d’exclure le cyclisme : "Le CIO devrait s’en saisir, l’UCI n’est pas connue pour ses actes forts contre le dopage".

Un problème d’agenda

L’exclusion d’un sport est envisageable, selon les règlements du CIO. La charte olympique stipule en effet que, "en cas de violation du code mondial antidopage", "les mesures ou les sanctions qui peuvent être prises" incluent à l’égard des fédérations internationales "le retrait du programme des Jeux olympiques d’un sport".

Mais la prise d’une telle décision "paraît bien compliquée", comme l'explique à FRANCE 24 Patrick Chassé, ancien commentateur sportif. Selon lui, il y a tout d’abord un problème de calendrier par rapport aux prochains Jeux olympiques, prévus en 2016 au Brésil : "Les installations sont déjà en place à Rio. Tout est fait tellement à l’avance. S’ils prennent une telle décision, elle ne sera pas effective avant 2020-2024".

Punir toutes les disciplines ?

Ce spécialiste du vélo estime aussi qu’une telle sanction serait illogique car elle pénaliserait de nombreuses disciplines qui ne sont pas forcément touchées par le dopage : "Est-ce que les cyclistes féminines sont, par exemple, aussi concernées par ce problème ?", s’interroge-t-il.

Un point de vue partagé par Cyrille Guimard. Contacté par la radio RMC-Info, l’ancien coureur cycliste et directeur sportif n’a pas caché son mécontentement après la déclaration de Richard Pound : "S’il y a des gens qui sont impliqués au niveau de l’UCI, c’est l’ensemble du cyclisme qui va payer. (…) On va faire payer à tous les cyclistes de la terre le problème de Lance Armstrong et de quelques complices qui l’ont protégé à l’UCI".

L'haltérophilie déjà menacée par le passé

La proposition de Richard Pound a également peu de chances d’aboutir car il n’y a pas eu de précédent. Un temps envisagée pour l’haltérophilie qui était gangrenée par le dopage aux débuts des années 2000, la décision d’exclure un sport des JO n’a jamais été prise dans l’histoire du CIO.

Le Comité international olympique est également en plein renouvellement en 2013. Il serait peu judicieux pour le président du CIO, Jacques Rogge, de terminer son mandat en bannissant le cyclisme, un sport qui s’est révélé très populaire lors de la dernière olympiade à Londres.

L'annonce choc de Richard Pound apparaît donc finalement plus comme un règlement de compte personnel. Ce membre du Comité international olympique a eu par le passé de nombreux différents avec Hein Verbruggen puis Pat McQuaid. En 2008, ces derniers avaient porté plainte contre lui pour diffamation, l’accusant "d’injures continuelles et de commentaires biaisés" contre l'UCI.

Après les dernières menaces de Richard Pound, les tensions entre ces dirigeants sportifs ne sont pas prêtes de s'apaiser. Elles pourraient d'ailleurs se compliquer si l’ancien président de l’Agence mondiale antidopage accède un jour à la présidence du CIO. Richard Pound n’a pas encore annoncé s’il sera candidat en septembre 2013, mais il s’était déjà présenté en 2001 face à Jacques Rogge.