La justice française a repoussé au 28 janvier toute décision sur la libération conditionnelle de l’activiste libanais Georges Ibrahim Abdallah dans l'attente d'un hypothétique arrêté d'expulsion, signé par le ministère de l'Intérieur.
Le sort de l’activiste libanais Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré en France depuis 28 ans pour complicité dans l'assassinat de deux diplomates, reste incertain. La justice française a, en effet, repoussé toute décision sur sa libération conditionnelle dans l'attente d'un hypothétique arrêté d'expulsion signé par le ministère de l'Intérieur, préalable indispensable à une sortie de prison. La cour d'appel de Paris avait accepté, jeudi, la libération conditionnelle de l'activiste, condamné à perpétuité en 1987 et théoriquement libérable depuis 1999, tout en conditionnant sa décision à une expulsion vers le Liban.
Le tribunal d'application des peines de Paris (TAP), réuni lundi, a donc finalement convenu d'attendre quinze jours, le 28 janvier, pour dire s'il accorde ou non une remise en liberté à l'ancien chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) aujourd'hui âgé de 61 ans. Mais sans le précieux sésame émis par la Place Beauvau, Georges Ibrahim Abdallah ne pourra obtenir de décision positive.
"Farce judiciaire"
Cet ajournement traduit, aux yeux des défenseurs du ressortissant libanais, un désaccord profond entre la justice et le gouvernement français."Est-ce que le gouvernement est contre les juges et contre la liberté, pour les États-Unis et pour Israël ?", a lancé son avocat Jacques Vergès, joint par l'AFP, en faisant allusion aux pays d’origine des deux diplomates assassinés à Paris en 1982, l'Américain Charles Robert Ray et l'Israélien Yacov Barsimantov. "Cette comédie dure depuis deux mois et le problème est de savoir si on a un gouvernement ou si c'est le bordel et qu'on se comporte comme un roquet des Américains", s'est indigné Me Vergès.
De son côté, le Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (CLGIA) dénonce une "farce judiciaire" et une "vengeance politique".
"L'État français, par l'intermédiaire de son ministre de l'Intérieur, refuse d'accepter, après plus de 28 ans de prison, qu'il n’a pas réussi à faire plier Georges Ibrahim Abdallah", écrit le collectif dans un communiqué transmis aux médias.
Washington et le parquet inflexibles
Washington a répété, vendredi dernier, son opposition à sa sortie de prison. "Nous avons des inquiétudes légitimes quant au danger qu'un M. Abdallah libre représenterait pour la communauté internationale", a estimé la porte-parole du département d'État, Victoria Nuland.
Des réserves partagées par le parquet qui avait estimé, en novembre, que "tout risque de récidive" et de reprise d'un combat révolutionnaire au Liban n'était pas garanti. Georges Ibrahim Abdallah n'a jamais commencé à indemniser les parties civiles et continue de revendiquer ses actes, avait encore souligné le ministère public. Il y a de grandes chances que le parquet, opposé à cette mesure depuis la première audience de novembre, fasse de nouveau appel.
En attendant, le comité de soutien de l’activiste prévoit des mobilisations pour dénoncer la "pression américaine", a indiqué à l'AFP l'un de ses membres, Alain Pojolat. Georges Ibrahim Abdallah a déjà demandé sept fois sa libération. Il avait obtenu une décision de libération conditionnelle en 2003 en première instance, mais elle avait été annulée en appel un an plus tard.