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Les islamistes progressent vers le sud, Bamako demande l'aide de Paris

Poursuivant leur offensive, les islamistes se sont emparés de la localité de Kona, qui constitue la porte du Nord désertique du Mali, jusqu'ici tenue par l'armée, au terme de violents combats. De son côté, Bamako demande l'aide militaire de Paris.

Au terme de deux jours de violents affrontements entre l'armée et les islamistes, les rebelles djihadistes ont annoncé jeudi soir la prise de la localité de Kona, dans la région de Mopti, au centre du pays. Une zone proche de la ligne de partition qui coupe le Mali en deux, les groupes islamistes armés occupant le Nord depuis neuf mois.

"Nous sommes actuellement à Kona pour le djihad. (...) Nous contrôlons la cité presque en totalité. Après, nous allons continuer" à progresser vers le sud, a dit Abdou Dardar, un responsable du groupe islamiste Ansar Dine joint par téléphone depuis Bamako et dont les propos ont été traduits à l'AFP par un interprète nigérien.

Une information confirmée par Serge Daniel, le correspondant de FRANCE 24 à Bamako. "Les islamistes se sont emparés de Kona. Il s'agit d'une localité importante située sur la ligne de démarcation entre les deux camps", explique-t-il. Le journaliste qualifie la prise de Kona "de verrou qui vient de sauter". Selon lui, cette avancée "pourrait permettre aux djihadistes de poursuivre vers le sud du Mali".

Bamako demande l'aide de la France

Des forces françaises et allemandes en position

Selon le Figaro, des forces militaires françaises et allemandes ont pris position jeudi à Sévaré, la localité proche de Mopti dans le centre du Mali qui sépare le nord du pays occupé par des groupes islamistes armés du sud contrôlé par l’armée malienne.

Ce déploiement intervient après la nouvelle avancée d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité du djihad en Afrique occidentale (MUJAO) qui se sont emparés jeudi soir de la ville de Konna.

Acculé, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a demandé l'aide militaire de la France. Paris devrait donner sa réponse ce vendredi. De leur côté, les membres du Conseil de sécurité des Nations unies, réunis en urgence jeudi soir, ont exprimé leur "profonde inquiétude relative (...) aux attaques terroristes signalées (...) Cette grave détérioration de la situation menace davantage encore la stabilité et l'intégrité du Mali et constitue une menace directe pour la paix et la sécurité internationales".

Dans une déclaration adoptée dans la foulée par ses 15 pays membres, le Conseil de sécurité a demandé un "déploiement rapide" d'une force internationale au Mali.

Interrogé par FRANCE 24 en milieu de semaine, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, s'était déjà montré inquiet. "Nous sommes préoccupés par la situation (...) Nous lançons un appel à toutes les parties pour qu'elles se retiennent", avait-il déclaré en évoquant un retour  à la table des négociations "autour du 20 janvier".

Contacté par FRANCE 24 via Skype peu après la prise de la ville par les islamistes, un habitant de Kona a fait l'état des lieux. "Les islamistes circulent à leur guise dans la ville. Ils sont en train de faire des inspections au niveau des services de l’administration", a-t-il rapporté. "Au bord de la route nationale qui relie Bamako à Gao, j’ai vu des corps de militaires avec des têtes écrasées, mutilés. C’est vraiment horrible". Confirmant l'arrêt des combats et le retrait de l'armée, il a toutefois assuré que les rebelles "ne s’en sont pas pris à la population pour l'instant".

FRANCE 24 avec dépêches