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Scrutin municipal test pour le président Wade

Le scrutin municipal, organisé ce dimanche au Sénégal, devrait constituer un véritable test de popularité pour le président Abdoulaye Wade, accusé d'autoritarisme, et pour son fils Karim, considéré comme son possible successeur.

Reuters - Le scrutin municipal prévu dimanche au Sénégal s'annonce comme un test de popularité pour le président Abdoulaye Wade, dont les détracteurs dénoncent l'autoritarisme croissant, et pour son fils Karim, présenté comme son possible successeur.

Pimentant cette élection locale, Karim Wade est en effet candidat à Dakar, où son élection éventuelle lui ouvrirait les portes de la mairie. Selon les observateurs, son père le prépare à sa succession à l'expiration de son dernier mandat, en 2O12.

Cette perspective, que ni le père, octogénaire, ni le fils n'ont confirmée, fait d'avance grincer quelques dents. Eduqué à l'étranger, Karim Wade est parfois jugé peu au fait des réalités de son pays.

"Pourquoi faudrait-il que le père le protège jusqu'à la présidence? Je ne crois pas que les Sénégalais accepteront cela", confie Saliou Ba, candidat d'une coalition de 34 partis d'opposition dans la circonscription de Kédougou, dans l'extrême sud-est du pays.

A en croire le chef de l'Etat sénégalais, le scrutin de dimanche n'est pas une affaire personnelle. "Ce qui est en jeu, c'est le sort du parti", a-t-il déclaré au sujet de son Parti démocratique sénégalais (PDS) au pouvoir.

Le Sénégal a longtemps été un rare exemple de démocratie pacifiée dans une région ouest-africaine fréquemment perturbée par les violences et les coups d'Etat.

Mais la répression de l'opposition dans les rues et dans les médias a récemment terni l'image du Sénégal à l'étranger. De plus les responsables au pouvoir sont soupçonnés par leurs adversaires d'enrichissement personnel.

"AUTORITARISME" ET "MEGALOMANIE"

"Bien qu'il s'agisse d'élections locales, elles constituent un test pour l'avenir politique immédiat au Sénégal", estime Babacar Justin Ndiaye, une analyste dakarois indépendant.

Plus d'un demi-millier de sièges de conseillers seront en jeu dimanche lors de ce premier test grandeur réelle pour le PDS depuis la réélection de Wade, début 2007.

Cette même année, la plupart des partis d'opposition avaient boycotté les législatives, soupçonnant des irrégularités dans les opérations de vote.

Une des causes des tensions sociales croissantes dans l'ancienne colonie française est la dégradation de la situation économique, la montée du chômage et une pauvreté persistante.

"La pauvreté est partout", affirme Bandiang Diabakhate, autre candidat d'opposition à Kédougou, où la compagnie Mineral Deposits a produit cette semaine pour la première fois de l'or à l'échelle indsutrielle.

Kédougou focalise l'attention car une vingtaine de jeunes gens y avaient été arrêtés en janvier à la suite d'émeutes populaires qui avaient fait un mort. Wade les a graciés en se rendant cette semaine dans la ville, mais sans pour autant apaiser les mécontentements.

"Tous les riches du Sénégal, vous les trouvez ici à Kédougou, mais les jeunes gens de Kédougou n'ont pas de travail, alors je suis désolé pour le président Abdoulaye Wade, mais, vraiment, nous voulons qu'il parte", déclare Simbe Boy, un chômeur de 30 ans.

L'organisation de défense des droits de l'homme américaine Freedom House a récemment déclassé le Sénégal de pays "libre" à "partiellement libre" en raison de ce qu'elle présente comme "une tendance autoritaire croissante".

Les détracteurs du président dénoncent aussi son penchant, mégalomaniaque selon eux, pour des projets pharaoniques comme un projet de "pendant" de la statue de la Liberté en cours de construction par des ouvriers nord-coréens sur la côte à la sortie de Dakar.