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Ouverture des négociations de paix entre le pouvoir, les rebelles et l'opposition

Au Gabon, les pourparlers réunissant les acteurs de la crise en Centrafrique - dont le président Bozizé qui refuse de céder le pouvoir - ont débuté. Malgré un optimisme de façade, les négociations s’annoncent ardues.

Les négociations sur l’avenir de la Centrafrique se sont ouvertes à Libreville, ce mercredi, dans la capitale du Gabon, sous la direction du président congolais Denis Sassou Nguesso.

Le début des pourparlers auraient pu démarrer plus tôt mais l’avion transportant les délégations du gouvernement, de l’opposition démocratique et de la société civile a été retardé à cause de problème techniques. Il n’a atterri à Libreville que mardi après-midi.

Les débats, entre le pouvoir fragilisé du président François Bozizé et la rébellion du Séléka victorieuse sur le terrain, vont porter principalement sur la renégociation d'accords de paix signés entre 2007 et 2011, notamment en 2008, entre le régime et la rébellion.

Un optimisme de façade

À entendre leurs déclarations respectives, les acteurs centrafricains de la crise abordent les négociations avec optimisme. "Nous partons sereins [...] à une grande rencontre entre Centrafricains pour nous pencher sur les problèmes de notre pays et rechercher des solutions pour la paix et le développement", a ainsi déclaré à Bangui le chef de la délégation du gouvernement et ministre de l'Enseignement supérieur, Jean Willybiro Sako. L'actuel président centrafricain François Bozizé a, ces dernières semaines, multiplié les concessions face à l'avancée des rebelles en proposant la formation d'un gouvernement d'union nationale et en assurant qu'il ne se présenterait pas à la prochaine élection présidentielle.

"Nous partons avec beaucoup d'optimisme" a, quant à lui, déclaré le chef de la délégation de l'opposition, l'avocat Nicolas Tiangaye. Les rebelles ont, eux aussi, joué l’apaisement : "On est là, on va discuter, on va se comprendre. Après tout, nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes des frères, a ainsi déclaré lundi à la presse le leader de la Séléka, Michel Djotodia. Ce n'est pas moi qui vais faire partir Bozizé, il y a une coalition et il y a aussi l'opposition démocratique qui est là. Tout à l'heure, on va se retrouver et on verra ce qu'il y a lieu de faire."

Les tensions restent vives

Malgré cette bonne volonté apparente, les tensions restent prégnantes et les négociations s’annoncent difficiles. Les rebelles ont poursuivi leurs attaques contre Bozizé, l'accusant de vouloir "plonger le pays dans le chaos avant son départ imminent". La Convention patriotique pour le salut du Kodro (CPSK), l'une des composantes de la rébellion, a dénoncé "une violation de l'intégrité territoriale de la Centrafrique" à propos de la présence de plusieurs centaines de soldats sud-africains aux côtés de Bozizé.

D'autres opposants en exil qui ne sont pas invités aux négociations ont dénoncé une "feuille de route irréaliste" imposée "avec la complicité machiavélique du président Bozizé".

"Le préalable à ce dialogue est et demeure la démission immédiate et sans condition de François Bozizé de la tête de l'État centrafricain. Ce préalable est non négociable", a déclaré à l'AFP Guy-Simplice Kodégué, porte-parole du Front républicain pour l'alternance et la paix (Frap) récemment créé à Paris et qui se présente comme l'"aile politique" de la rébellion.

La Séléka - qui signifie "alliance" en langue sango - a lancé, le 10 décembre dernier, une "opération de reconquête" sur le territoire centrafricain. Elle a, depuis, pris le contrôle d’une large partie du pays. Elle reste, pour l’heure, stationnée à 160 km de la capitale, Bangui, protégée par la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac). 

Avec dépêches