
La ministre de l'Économie numérique reçoit, ce lundi matin, les représentants de Free ainsi que les éditeurs de sites afin de trouver une solution au blocage des publicités décidé par l'opérateur, jeudi dernier.
La réaction de la ministre de l'Economie numérique ne s'est pas fait attendre. Quatre jours après l'annonce de la décision de Free de bloquer les publicités sur Internet, Fleur Pellerin doit recevoir, ce lundi, les représentants de l'opérateur téléphonique et de sa maison mère, Iliad, ainsi que des éditeurs, des représentants de régies publicitaires et d'annonceurs afin de discuter de cette initiative qui a créé un vif émoi sur la Toile.
Bien que "peu fan de la publicité intrusive", comme elle l'a déclaré jeudi soir sur son compte Twitter, Fleur Pellerin n'est pas favorable à un blocage par défaut des bannières et fenêtres publicitaires.
"Ça bouscule le modèle économique de beaucoup de gens et c'est installé sans accord de l'internaute, explique son entourage. Elle préférerait que le filtrage publicitaire proposé par Free ne soit pas automatique et plutôt que ce soit une option."
Un "adblocker" en version test
Free avait annoncé jeudi sur son site plusieurs mises à jour de la Freebox, notamment l'ajout d'une fonctionnalité "adblocker" permettant de bloquer les publicités. Cette fonction est en version "bêta", ce qui veut dire qu'elle est en test. Pour en disposer, rien de plus simple : il suffit de redémarrer la Freebox pour en disposer, alors que d'autres applications disponibles sur le marché pour bloquer la publicité doivent être téléchargées.
Si l'opérateur, qui compte 5 millions d'abonnés en France, installait durablement une version efficace, il priverait de revenus de nombreux sites internet, notamment les gratuits, qui vivent des annonceurs. Or, beaucoup de sites dépendent des recettes publicitaires, qui sont parfois leur seule source de revenus.
Selon une source proche du dossier, la démarche de Free se veut un moyen de pression pour amener le géant américain Google à partager une partie des revenus qu'il tire de la publicité.
Depuis des années, les fournisseurs d'accès à Internet se plaignent que les grands fournisseurs américains de contenu siphonnent toute la publicité des sites web, ne leur laissant rien alors qu'ils sont, eux, obligés de consentir d'importants investissements pour faire face à la place de plus en plus grande de la vidéo, très gourmande en bande passante.
Un nouvel épisode dans la guerre avec Google
D'après BFMTV, le fournisseur d'accès à Internet aurait cependant décidé de lever dès 8h30 ce lundi le blocage des publicités qu'il avait instauré jeudi afin de trouver un terrain d'entente avec Google. Free se donnerait deux à trois semaines pour tenter de trouver un accord avec le portail américain.
"Il est vraisemblable qu'Iliad parvienne à ses fins et puisse ainsi monnayer l'accès à ses abonnés mais il est trop tôt à ce stade pour évaluer le montant des revenus qu'il pourra en tirer", a estimé l'entreprise d'investissement CM-CIC Securities.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de Google a indiqué que le groupe américain avait "constaté les mesures prises par Free" et était "en train d'analyser la situation".
FRANCE 24 avec dépêches