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Les ténors de l'opposition égyptienne visés par une enquête

Le procureur général égyptien a réclamé une enquête contre trois piliers de l'opposition laïque pour des faits de haute trahison, accusant Mohamed ElBaradei et deux anciens candidats à la présidentielle "d'incitation au renversement du régime".

Un parfum d’ancien régime flotte sur la justice égyptienne depuis la proposition du parquet d’ouvrir une enquête pour haute trahison contre les trois principaux chefs de l’opposition laïque.

Quelques semaines après sa nomination par le président islamiste Mohamed Morsi, le procureur général n’y est pas allé de main morte : il accuse l’ancien prix Nobel de la Paix, Mohamed ElBaradei, l’ex-patron de la Ligue arabe, Amr Moussa, et le leader nassérien, Hamdeen Sabbahi, "d’incitation au renversement du régime".

Si le ministre de la Justice accède à la demande du procureur général en nommant un juge d’instruction, l’affaire pourrait déboucher sur des inculpations et un procès contre ces trois piliers de l’opposition.

Un tel procès rappellerait inévitablement les pratiques de l’ère Moubarak, où les poursuites judicaires étaient téléguidées par le pouvoir afin de museler l’opposition. La ressemblance serait d’autant plus frappante que les Frères musulmans, organisation dont est issue le président Morsi, ont renoué avec la rhétorique conspiratrice de l’ancien régime en évoquant un complot ourdi de l’étranger par le candidat battu aux présidentielles de juin, Ahmed Chafiq.

Mohamed ElBaradei, Amr Moussa et Hamdeen Sabbahi se sont illustrés ces dernières semaines en prenant la tête du combat contre le projet de Constitution soutenu par les islamistes. À peine ce projet adopté par référendum, leur coalition du Front national du salut (FSN) a annoncé son intention de faire invalider la nouvelle loi fondamentale, dénonçant de nombreuses fraudes et irrégularités lors du scrutin.

Reste à voir si les vieilles méthodes freineront effectivement les ardeurs de l'opposition dans le tumulte de l’Égypte post-révolutionnaire. Bravant les menaces de représailles judiciares, les trois ténors de l’opposition ont d’ores et déjà appelé à un grand rassemblement anti-Morsi le 25 janvier prochain, pour marquer le deuxième anniversaire du déclenchement de la révolution de 2011.