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Une semaine après la tuerie de Newtown, le puissant lobby pro-armes National Rifle Association (NRA) a tenu vendredi une conférence de presse au cours de laquelle il a préconisé l'instauration d'un policier armé devant chaque école des États-Unis.
Pour répondre à la fusillade "atroce" de Newtown, il y a une semaine, le puissant lobby américain des armes NRA a préconisé vendredi de "placer un policier armé devant chaque école" dans tout le pays, proposition aussitôt dénoncée par ses opposants.
"La seule façon de stopper un méchant avec une arme est de lui opposer quelqu'un de bien avec une arme", a estimé lors d'une conférence de presse très attendue le vice-président exécutif de la National Rifle Association, Wayne Lapierre, qui a aussi dénoncé le rôle des films et jeux vidéo violents, ainsi que les médias et les politiques laxistes en matière de sécurité.
Une fusillade a fait quatre morts, dont le tireur, vendredi à Frankstown Township, une ville de Pennsylvanie, rapporte le journal Altoona Mirror qui cite une source judiciaire.
Trois membres des forces de l'ordre ont également été blessés par les tirs. Les quatre morts sont deux hommes, une femme, et le tireur.
"Avec toute l'aide internationale financée par les Etats-Unis, avec tout l'argent du budget fédéral, ne pouvons-nous pas mettre un policier devant chaque école ?", a-t-il lancé.
"Je demande aujourd'hui au Congrès d'agir immédiatement et de faire ce qui est nécessaire pour mettre des policiers armés devant chaque école de ce pays", a-t-il ajouté devant une salle comble qui rassemblait une centaine de journalistes.
La conférence de presse intervenait une semaine exactement après la tuerie dans une école de Newtown (Connecticut, nord-est) le 14 décembre, et quelques heures après l'observation dans tout le pays vendredi matin d'une minute de silence en hommage aux victimes.
Les cloches des églises du pays ont sonné à 09H30 précises (14H30 GMT) 26 fois en souvenir des 20 enfants et des six adultes tués au fusil d'assaut par un jeune homme de 20 ans, Adam Lanza, dans l'école de Sandy Hook vendredi dernier. L'assaillant avait auparavant tué sa mère à son domicile.
La conférence de presse de la NRA, cette association de quatre millions de membres qui personnifie à elle seule le 2e amendement de la Constitution et le droit pour les Américains de porter des armes -- a été interrompue à deux reprises par des manifestants "qui ont accusé l'association de "tuer" des enfants.
Un homme, Tighe Barry, a brandi une banderole où l'on pouvait lire en grandes lettres "la NRA tue nos enfants", avant d'être évacué de la salle.
Quelques minutes plus tard, une femme, Medea Benjamin, elle aussi militante pacifiste de l'association Codepink, est passée devant les caméras avec une banderole affirmant "la NRA a du sang sur les mains".
Bouclier pour l'école
La NRA, vers laquelle les regards se tournent à chaque fusillade qui endeuille l'Amérique, était restée silencieuse, réseaux sociaux coupés, pendant quatre jours après le drame de Newtown. Elle avait ensuite promis par un bref communiqué de dévoiler une "contribution sérieuse" lors d'une conférence de presse.
"Combien d'imitateurs attendent dans les coulisses pour leur moment de gloire?", a lancé M. Lapierre avant d'annoncer la mise en place par son organisation d'un "programme de protection" des écoles, baptisé "National School Shield" (Bouclier pour l'école) qui a déjà son site web (nraschoolshield.com).
"Ce programme à de multiples facettes -- d'une sécurité armée à l'agencement des bâtiments, au contrôle des accès, à la technologie de communication, à l'entraînement des élèves et du personnel enseignant -- sera développé par les meilleurs experts sur le terrain", a assuré M. Lapierre.
La NRA, forte de ses 11.000 instructeurs, fournira également le budget de ce programme qui sera dirigé par un ancien élu au Congrès Asa Hutchinson.
"En tant qu'enseignant, je n'accepterai jamais au grand jamais, une arme dans ma classe", a indiqué à l'AFP Jason McCool, qui manifestait en même temps qu'une quarantaine d'autres personnes devant l'hôtel où se tenait la conférence de presse.
Il est "ridicule de croire qu'un problème causé par trop d'armes soit résolu en rajoutant encore des armes", a ajouté cet enseignant de Rockville (Maryland).
"Ce que propose la NRA est dingue, exactement le contraire de ce que veulent les gens", a ajouté Medea Benjamin.
Un sénateur démocrate, Frank Lautenberg, a affirmé par twitt que la "NRA avait complètement perdu le sens des réalités" en proposant de mettre des armes dans les écoles.
AFP