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Plusieurs régions égyptiennes doivent se prononcer ce samedi en faveur ou non de la nouvelle Constitution portée par le président Morsi. Un projet qui a, ces dernières semaines, profondément divisé l'Égypte en proie à de violentes manifestations.

Un vote en deux temps

Le référendum se tient samedi dans dix gouvernorats, dont Le Caire et Alexandrie et la région instable du Sinaï (est), représentant quelque 26 millions d'électeurs sur un total de 51,3 millions. Les 17 autres gouvernorats voteront le 22 décembre.

Le but est de pouvoir mieux encadré le scrutin boycotté par de nombreux juges en désaccord avec les restrictions du pouvoir lesgislatif imposé par Morsi.

Une partie des citoyens égyptiens, notamment au Caire et à Alexandrie, ont ou vote r samedi 15 décembre pour approuver ou rejeter le projet de nouvelle Constitution du président Mohamed Morsi. Le texte vise à stabiliser et démocratiser le pays depuis la chute de l’autocrate Hosni Moubarak en 2011. Mais l’opposition, constituée des laïcs et de la gauche libérale, dénonce un projet adopté à la hâte par une commission composée essentiellement d’islamistes. Une des principales inquiétudes concerne l'article 2 du projet qui prévoit, comme sous Moubarak, que les "principes de la charia" demeurent la "principale source de la législation" en Égypte.

"Cet article 2 de l’ancienne Constitution de 1971 a énormément fait débat. Beaucoup de gens n’en voulaient pas, d’autres souhaitaient simplement la changer… mais le consensus était de la maintenir sans changement", explique, sur l’antenne de FRANCE 24, Jean Maher, président de l’organisation franco-égyptienne pour les droits de l’Homme. Selon lui, la nouveauté réside dans l’ajout de l’article 219 qu’il juge particulièrement sévère : "Cet article parle de l’application de la charia dans ses moindre détails, permettant sa libre interprétation par les écoles coraniques". En d’autres termes, Jean Maher dit craindre que des groupes religieux et des imams puissent imposer leur vision de la charia.

"On s’attend à un oui"

Peu optimiste sur l'issue du scrutin, Jean Maher s'attend à ce que la fraude permette au oui de l'emporter, semant ainsi "certainement le chaos" dans le pays.

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Les explications de la correspondante de France24
Référendum en Égypte : "Les opposants ne s’arrêteront pas de manifester"

Depuis le bureau de vote pour hommes du quartier de Shoubra, au Caire, Sonia Dridi, la correspondante de FRANCE 24 en Égypte, a constaté des inquiétudes similaires de la part des opposants sur place. "Ici, il y aura un magistrat devant chaque urne mais ça ne devrait pas être le cas dans les autres gouvernorats du pays puisqu’une majorité des juges a décidé de ne pas superviser ce référendum. Les autorités pourraient faire appel à des assesseur ou des professeurs de droit tandis que l’opposition craint déjà de nombreuses irrégularités", explique-t-elle.

Les Frères musulmans, eux, sont confiants. "Il faut dire que la confrérie est connue pour ses capacités d’organisation et de mobilisation des électeurs. Ils sont entrés en campagne depuis plusieurs mois, distribuant des prospectus dans tous le pays, réunissant amis et voisins pour leur vanter les mérités du texte, et faisant parfois campagne dans les mosquées", raconte Sonia Dridi.

"Les opposants sont plus forts qu’avant"

Pour veiller au bon déroulement du scrutin, qui s’apparente également à un test de popularité pour Mohamed Morsi élu en juin dernier, des dizaines de milliers de policiers ont été mobilisés et autant de soldats appelés en renfort. Le président Morsi a récemment octroyé aux militaires le droit d’arrêter des civils, provoquant une nouvelle levée de boucliers parmi les opposants. Après avoir obtenu, l’année dernière, l’abolition de l’état d’urgence, Jean Maher voit dans l’élargissement des pouvoirs militaires un véritable retour en arrière. "Les Frères musulmans attendaient le pouvoir depuis 80 ans, ils l’ont eu mais là ils vont au-delà de ce qu’il fallait faire. On ne juge pas les civils par les tribunaux militaires", s’insurge-t-il.

Préparé au pire scénario, Jean Maher se dit prêt à encore battre le pavé. "Les opposants ne s’arrêteront pas, l’opposition est beaucoup plus forte qu’avant. Merci Morsi, c’est lui qui les a unis", conclut-il.