
La SNCF se dit "très intéressée" par la création du réseau à grande vitesse américain prévu dans le plan de relance économique des États-Unis. L'entreprise française est toutefois loin d'être la seule sur les rangs...
AFP - Les Etats-Unis sont prêts à lancer un réseau de trains à grande vitesse et la SNCF serait "très intéressée" par l'exploitation d'un tel réseau, a déclaré jeudi un responsable de la société française en marge d'une conférence sur le rail dans l'Indiana (nord).
"Nous croyons fortement que dans ce pays, dans certains corridors, le système devrait logiquement être source de profit", a déclaré Jean-Pierre Loubinoux, président de SNCF International.
L'expérience française en la matière montre que les réseaux TGV ont une efficacité maximale lorsqu'ils relient des grandes villes à 1.000 ou 1.500 km de distance, a relevé M. Loubinoux. Or ces conditions existent sur la côte est des Etats-Unis, en Californie (ouest), dans le centre du pays, au Texas (sud) et en Floride (sud-est).
"On pourrait avoir plus qu'un corridor, on pourrait avoir un réseau", a-t-il souligné.
"Si la possibilité (d'exploiter ce réseau) est ouverte, nous l'étudierons bien sûr avec grand intérêt", a-t-il assuré.
Le gouvernement américain a prévu huit milliards de dollars pour la création d'un réseau à grande vitesse, dans le cadre de son plan de relance économique, et de nombreux Etats sont en concurrence pour bénéficier de ces subventions.
Beaucoup proposent d'améliorer le réseau existant pour permettre d'augmenter la vitesse des trains, qui passerait de 127 km/h à 177 ou 241 km/h en moyenne, mais M. Loubinoux a estimé qu'il serait préférable d'investir dans un nouveau réseau dédié qui permettrait aux TGV d'atteindre les 350 km/h.
L'intervention de la SNCF pourrait se faire de plusieurs manières, a-t-il dit, citant un simple "transfert de technologie" ou des "opérations de maintenance", des "contrats commerciaux ou d'exploitation".
"Dans certains cas, en particulier dans les corridors à grande vitesse (...) nous pourrions envisager une participation à certains systèmes d'exploitation", a-t-il dit.
La SNCF prévoit de faire des propositions à l'autorité américaine du rail, qui cherche à améliorer 11 corridors ferroviaires.
M. Loubinoux a reconnu que la SNCF serait loin d'être seule sur les rangs, mais "nous pouvons apporter notre expérience. Nous exploitons des systèmes de trains à grande vitesse depuis 25 ans", a-t-il fait valoir.
Il a dit avoir bon espoir que les Etats-Unis, longtemps à la traîne dans le domaine du transport de passagers par rail, aient désormais la volonté politique de lancer les investissements massifs nécessaires à son développement.
"L'évolution de la crise du pétrole, la saturation des infrastructures routières, la saturation des créneaux dans les aéroports (...) font prendre conscience que le rail peut être une bonne réponse à la fois économique, sûre et respectueuse de l'environnement aux problèmes de mobilité accrue", a-t-il dit.
"Surtout, la crise économique et financière mondiale semble être un catalyseur de grands programmes nationaux d'infrastructures," a souligné M. Loubinoux, qui s'exprimait en anglais.
Pierre Gauthier, le président de la filiale nord-américaine du groupe français Alstom (choisi l'année dernière par l'Argentine pour construire le premier TGV d'Amérique latine), a souligné jeudi également que l'élection de Barack Obama, la crise économique mondiale et la montée des préoccupations environnementales créaient une opportunité unique pour le TGV aux Etats-Unis, en marge d'une conférence à Montréal.