Depuis quelque temps, les Occidentaux suspectent ouvertement Damas de vouloir faire usage de son arsenal chimique contre la rébellion armée. La question de la sécurisation des sites de stockage d’armes toxiques est donc désormais sur la table.
Sus aux stocks d’armes chimiques syriens ! Depuis quelques jours, les Occidentaux, les États-Unis en tête, agitent le chiffon rouge sur l’utilisation d’armes toxiques par le régime de Bachar al-Assad, qui perd du terrain face à la rébellion. Selon les renseignements américains, des mouvements suspects auraient eu lieu dans des sites abritant les armes toxiques de l’armée syrienne. D’après des sources américaines anonymes citées dans plusieurs médias, Damas aurait commencé à mélanger les composants nécessaires à la production du gaz sarin, un redoutable neurotoxique.
Pis, mercredi 5 décembre, la chaîne américaine NBC, citant elle aussi "des responsables américains", a affirmé que l'armée syrienne avait chargé des bombes, destinées à être larguées par avion, avec du gaz sarin.
Dès lors, si le régime envisage réellement une telle escalade dans sa campagne militaire contre l’insurrection armée qui menace son existence, la question de la sécurisation des sites de stockage et de production d’armes chimiques syriennes par les Occidentaux est posée. Et ce, sachant qu’une intervention militaire, comprenant des frappes aériennes et l'envoi de forces terrestres en terrain hostile, est hautement risquée en raison de la dissémination possible des armes, des risques de fuites toxiques et du chaos généralisé en Syrie.
Les forces spéciales françaises prêtes à intervenir ?
Plusieurs scénarii sont évoqués dans les médias américains et européens, dont certains impliquant l’armée française. Ainsi, selon Jean Guisnel, spécialiste reconnu des questions militaires et journaliste du "Point", les forces spéciales de l’armée française seraient prêtes à mener des opérations préventives ciblées en Syrie, afin de se saisir des stocks chimiques, avant qu’ils ne soient utilisés par le régime. Voire qu’ils ne tombent entre les mains de djihadistes infiltrés dans les rangs des rebelles, comme le craint par dessus tout Washington.
"Le schéma qui prévaut actuellement consisterait en une intervention française relativement modeste, intégrée à celle d'une coalition multinationale",
écrit-il dans sa chronique du 4 décembre. Il précise que cette dernière compterait notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, "entre autres membres de l'Otan, dont la Turquie sans doute", auxquels seraient associés la Jordanie et peut-être d'autres pays arabes.
"Il n'est pas question d'une intervention terrestre ou aérienne massive et/ou durable, mais plutôt d'une série de coups de main solidement appuyés par des avions et des hélicoptères, destinés à mettre la main sur le stock d'armes chimiques", explique-t-il.
Un point de vue que partage Jeffrey White, devenu analyste au Washington Institute après une carrière dans les renseignements militaires (DIA). Interrogé par l’AFP, ce dernier estime vraisemblable que l'action de forces spéciales consiste en des raids ponctuels, sans demeurer sur le sol syrien.
Selon un article du "New York Times", publié mi-novembre, le Pentagone avait informé le gouvernement américain que près de 75 000 soldats seraient nécessaires pour saisir et sécuriser les stocks d’armes chimiques syriens. Soit un scénario inenvisageable pour les experts, qui doutent que l'administration Obama s'engage seule dans une nouvelle opération terrestre d’envergure au Moyen-Orient après le précédent irakien. Ce qui renforce le schéma évoqué plus haut, c'est-à-dire d’une coalition, composée de pays membres de l’Otan et de pays arabes, qui effectuerait des raids éclairs.