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L'ancien président Moshe Katsav inculpé de viol

L'ancien président israélien Moshe Katsav, 63 ans, a été formellement inculpé de viol et harcèlement sexuel. Il n'était pas allé au bout de son mandat à cause de ces accusations, qu'il a toujours niées. Il risque 16 ans de prison.

AFP - L'ancien président israélien Moshé Katzav, au coeur d'un scandale sexuel qui l'a poussé à la démission, a formellement été inculpé jeudi de viol et harcèlement sexuel, risquant jusqu'à 16 ans de prison s'il est reconnu coupable.

Il doit aussi répondre d'obstruction à la justice et de tentative de subornation de témoin. Pas moins de 56 témoins à charge doivent être entendus durant ce retentissant procès au Tribunal de district de Tel-Aviv dont la date n'est pas encore fixée.

Selon la loi israélienne, il encourt seize ans de prison s'il est reconnu coupable.

Père de cinq enfants, M. Katzav, 63 ans, juif pratiquant d'origine iranienne, avait démissionné de ses fonctions de chef de l'Etat en juin 2007 après avoir été suspendu dès janvier 2007 à sa demande, en raison des soupçons pesant sur lui.

Plusieurs de ses employées l'ont accusé de viol, harcèlement sexuel et actes indécents à l'époque alors qu'il exerçait les fonctions de ministre du Tourisme dans les années 1990 et celles de chef de l'Etat après son élection en 2000.

Au moins six femmes ont également porté plainte pour des faits similaires et seront entendues seulement comme témoins, les faits présumés ayant été prescrits.

L'acte d'accusation mentionne les circonstances précises de ces crimes commis notamment dans un grand hôtel de Tel-Aviv et à la présidence de l'Etat.

L'image d'homme digne et intègre dont ce politicien chevronné du parti Likoud (droite) jouissait dans le pays a volé en éclat avec les premières révélations sur sa conduite en juillet 2006.

"Il était comme Jekyll et Hyde, docteur la journée et tueur la nuit. J'ai vu son côté monstrueux", a ainsi affirmé une ex-employée.

La semaine dernière, M. Katzav a convoqué la presse pour nier en bloc ces accusations pendant près de trois heures.

Il s'est dit "victime d'un lynchage" organisé pêle-mêle par le parquet, la police, les hommes politiques et les médias, et a parlé de "témoignages fallacieux, faits contradictoires, mensonges, preuves fabriquées, et surtout de rumeurs sans fondements".

M. Katzav avait été le premier homme de droite à occuper les fonctions, largement protocolaires, de président, pour un mandat de sept ans indéfiniment renouvelable. Il avait auparavant mené une carrière politique sans éclat, obtenant notamment les portefeuilles des Transports et du Tourisme.

Il s'est opposé aux accords israélo-palestiniens d'Oslo de 1993 avant de les accepter comme un fait accompli. Puis, se démarquant de la ligne dure de la droite, il a approuvé le dialogue sur un règlement avec les Palestiniens.

Dans un geste spectaculaire, en marge des obsèques du pape Jean Paul II au Vatican en 2005, il avait échangé quelques mots en persan avec le président iranien d'alors, Mohammad Khatami, et serré la main du président syrien Bachar al-Assad.

Il s'est toujours posé en défenseur des causes sociales et des laissés-pour-compte de la prospérité, en majorité des juifs orientaux. Désormais reclus dans sa ville de Kyriat Malachi, il compte à présent sur ces sans grade et sur son épouse Gila pour se battre "jusqu'à la dernière goutte de sang, afin que toute la vérité éclate".

Paradoxalement, M. Katzav a lui-même provoqué cet épilogue judiciaire. Après des mois d'enquête le concernant, ses avocats étaient parvenus à un accord de compromis entériné par la Cour suprême, aux termes duquel il ne serait poursuivi que pour "harcèlement sexuel", "actes indécents" et "subornation de témoin", les accusations de viol étant abandonnées.

Mais au premier jour de son procès en avril 2008, M. Katzav avait décidé de récuser le compromis, et risque désormais la prison.