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L’ex-entraîneur de tennis a été condamné à huit ans de prison pour les viols il y a plus de 20 ans de deux joueuses mineures au moment des faits. Une vingtaine d’autres anciennes élèves ont dénoncé des abus sexuels, prescrits par la loi.

L'entraîneur de tennis Régis de Camaret a été condamné vendredi par les assises du Rhône à 8 ans de prison ferme pour les viols de deux anciennes pensionnaires mineures de son club de Saint-Tropez, il y a plus de 20 ans, à l'issue d'un procès très médiatique.

Régis de Camaret a également écopé d'une interdiction définitive d'exercer le métier d'entraîneur de tennis et a fait l'objet d'un mandat de dépôt à l'audience.

Après moins de deux heures de délibéré, la cour s'est montrée plus clémente que l'avocate générale qui avait réclamé "de 10 à 12 ans de réclusion", ainsi que 10 ans d'interdiction des droits civiques, civils et de famille.

Camaret est resté de marbre à l'énoncé du verdict tandis que ses victimes s'étreignaient, entre larmes et sourires.

Agé de 70 ans, Régis de Camaret pourra toutefois bénéficier rapidement d'une demande de liberté conditionnelle en vertu de la loi pénitentiaire de novembre 2009.

"Que de souffrances exprimées à la barre des témoins, d'enfances, d'adolescences brisées, de rêves détruits, de femmes en détresse après tant d'années", avait lancé l'avocate générale Jacqueline Dufournet.

"Il faut parfois toute une vie pour dénoncer ces faits, car on se sent salie, souillée" et les victimes "ont enfoui ça au fond d'elles-mêmes, car elles ont trop honte et elles étaient sous une forme d'emprise", a-t-elle souligné pour expliquer pourquoi ces accusations ont été révélées près de 20 ans après les faits.

D'où la prescription pour la plupart d'entre elles. Et notamment pour la plainte en 2005 de l'ex-numéro deux du tennis français Isabelle Demongeot, à l'origine de l'affaire.

Vendredi dernier, elle a toutefois pu raconter à la barre comment elle avait été violée pendant neuf ans, de 1980 à 1989, par son ancien mentor au tennis-club des Marres à Saint-Tropez (Var).

Une vingtaine d'autres anciennes stagiaires, retrouvées par les enquêteurs, sont venues témoigner de leur "détresse" des années après les faits.

Seules deux jeunes femmes, Stéphanie Carrouget et Karine Pomares, 36 ans chacune, étaient parties civiles dans ce procès durant lequel l'accusé, imperturbable, a simplement reconnu des "attouchements" avec la première, "amoureuse" de lui, et une "relation consentante" avec Isabelle Demongeot.

La thèse du complot

L'avocate générale a souligné l'arrêt "fort étonnant" de la cour d'appel d'Aix-en-Provence qui, en 2009, avait prononcé un non-lieu en faveur de Régis de Camaret, arguant notamment de l'insuffisance de charges contre lui. Mais la Cour de cassation l'avait invalidé, d'où ce renvoi devant les assises.

"Vous allez dire qui ment, avec votre intime conviction!" a lancé à la cour Mme Dufournet, alors que l'accusé, "qui ne ressent aucune compassion", a persisté dans le "déni", jetant à ses victimes un "regard glacial".

L'avocate générale a aussi demandé à la cour de "rejeter la thèse du complot" qu'aurait ourdi Isabelle Demongeot, détrônée au classement du tennis français par sa rivale Nathalie Tauziat, venue, elle, à la barre défendre son ancien entraîneur.

Et de rappeler que la première plainte pour viol avait été déposée dès 2002 devant le parquet de Draguignan par l'une des victimes prescrites. "Ces filles ne sont pas de la même génération, elles ne se connaissaient pas et les faits se déroulent sur plus de dix ans", a-t-elle souligné.

"C'est la parole des plaignantes contre celle de l'accusé", a plaidé Me Catherine Gambette, l'un des conseils de Régis de Camaret, demandant son "acquittement au bénéfice du doute".

"Rarement un procès pour viol aura été autant médiatisé", exerçant ainsi une "pression constante" sur la cour, a regretté son confrère Me Emmanuel Daoud.

Pour lui, "ce procès a été biaisé! C'est un procès pour l'exemple", a-t-il dit, accusant le ministère public d'avoir "voulu impressionner les jurés" en faisant témoigner des victimes prescrites.

Reconnaissant que son client avait "perdu ses repères" et avait été "dépassé par son environnement", il a souligné que malgré "l'impression détestable" qu'il a laissée durant le procès, ce n'était ni "un pédophile, ni un pervers, ni un malade mental". Et qu'il n'y avait "plus de risque" de récidive.

"C'est un paria, il est déjà enfermé dans la prison qu'il s'est construite", a-t-il dit.

AFP