À la veille d'une nouvelle manifestation contre le projet du futur aéroport du Grand Ouest, les forces de l'ordre s'emploient à déloger les militants qui essaient de se réapproprier les lieux.
Le gouvernement a affiché vendredi sa détermination à faire "respecter la loi" en mobilisant 500 gendarmes pour déloger à l'aube des squatteurs opposés au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), près de Nantes, lors d'une opération émaillée d'affrontements entre forces de l'ordre et opposants.
"Il est hors de question de laisser un kyste s'organiser, se mettre en place, de façon durable avec la volonté de nuire (...) Nous mettrons tout en oeuvre pour que la loi soit respectée, pour que les travaux puissent avoir lieu", a expliqué le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, lors d'un déplacement à Lorient (Morbihan).
L'opération, lancée moins d'une semaine après une manifestation géante de "réoccupation" de la zone réservée au futur aéroport et à la veille d'une nouvelle manifestation à Nantes, "vise à évacuer trois sites occupés illégalement: le Rosier, la Lande de Rohanne et la Châtaigneraie", a détaillé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet.
Les autorités veulent permettre à l'aéroport du Grand Ouest de prendre ou reprendre possession des lieux et d'engager immédiatement des travaux de "déconstruction" des squats, "partout où cela sera légalement possible", a précisé le porte-parole. L'opération vise "la saisie et l'évacuation des matériaux, outils et matériels de chantier", a-t-il précisé.
Pour le préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée, il s'agit aussi d'empêcher la constitution d'un "camp retranché" dans le bocage nantais.
La Châtaigneraie et la Lande de Rohanne sont les lieux où les opposants avaient construit de nouvelles habitations samedi, lors d'une manifestation qui a réuni entre 13.500 et 40.000 personnes opposées au projet cher au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes.
Dans la matinée, de vifs affrontements ont éclaté un peu partout sur la ZAD -zone d'aménagement différé, réservée à l'aéroport (1.650 hectares)- les opposants jetant des bouteilles et des cailloux en direction des forces de l'ordre, qui répliquaient avec des grenades et des bombes lacrymogènes, a constaté l'AFP.
Un gendarme a été légèrement blessé à la main, un opposant atteint au pied, et deux journalistes TV légèrement blessés à la tête par des cailloux. Le terrain ne semblait pas maîtrisé par les gendarmes.
"C'est la honte! Je suis en colère, je suis un citoyen de gauche, j'ai souvent voté PS et je ne le ferai plus comme beaucoup d'autres: la seule réponse à nos lettres à MM. Ayrault et Hollande, c'est les gaz lacrymogènes", s'étranglait un opposant.
"Pris par surprise"
"On va continuer, on ne fait que ça depuis six semaines, reconstruire après les démolitions", a indiqué à l'AFP Sophie, une occupante de la ZAD. "Dès qu'il y a expulsion, on réoccupe", a-t-elle insisté.
"Les gens ne cèderont jamais face à ce projet d'aéroport, Valls a beau être déterminé, on l'est autant que lui, et il faut qu'il le sache", a lancé un autre opposant.
Christelle, une habitante de la ZAD, a relevé que les gendarmes étaient intervenus "au niveau des nouvelles constructions, où pourtant ils auraient dû faire une procédure juridique avant d'intervenir car elles n'étaient pas sur une parcelle expulsable".
"On a tous été pris par surprise", a témoigné Jérôme, autre occupant de la ZAD, affirmant que les gendarmes étaient intervenus dès le début avec des lacrymogènes au pied des cabanes construites dans les arbres de la forêt de Rohanne.
L'opération a essuyé une salve de critiques de responsables écologistes. "C'est désolant", a jugé Jean-Philippe Magnen, porte-parole national d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV). "C'est la réponse à la mobilisation citoyenne de samedi dernier. Monsieur Hollande a invoqué la force du droit mais c'est la force qui répond", a-t-il estimé.
José Bové a appelé à "la mobilisation", réclamant à l'Etat la mise en place d'une médiation, tandis que le député EELV Noël Mamère se disait, sur BFM-TV, "accablé et révolté par l'attitude du gouvernement, parce qu'il répond par la force" après une manifestation "qui a rassemblé 40.000 personnes pacifiques non violentes".
L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes doit remplacer celui de Nantes en 2017 et les premiers défrichements doivent débuter en janvier 2013.
AFP