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Quand les entreprises françaises cartonnent en Chine

La France a été, en 2011, le pays européen le plus actif sur le marché chinois des fusions-acquisitions, d’après une récente étude. Pour la première fois, les entreprises hexagonales supplantent leurs homologues allemandes et britanniques.

Une fois n'est pas coutume, les entreprises hexagonales se débrouillent mieux que leurs concurrentes européennes. La France est, en effet, devenue première de la classe européenne en termes de fusions acquisitions effectuées en Chine, d’après une étude du cabinet d’audit et de conseil PricewaterhouseCooper (PwC), publiée lundi 19 novembre.

C’est la première fois que les entreprises françaises dament ainsi le pion aux Britanniques ou encore aux Allemands, respectivement en deuxième et troisième place de ce podium. En 2011, 26 % des investissements de groupes européens en Chine proviennent de France et cette part monte même à 35 % sur les six premiers mois de cette année.

Une bonne performance qui s’explique avant tout “par deux opérations majeures réalisées l’an dernier par Schneider et Seb”, assure à FRANCE 24, Thierry Charpentier, responsable des transactions au sein du China Group de PwC6France. À eux deux, ces groupes ont effectué des acquisitions d’une valeur de 830 millions d’euros sur un total, pour les entreprises françaises, de 1,7 milliard d’euros en 2011. “Sur une trentaine de transactions françaises, le montant moyen est de 50 millions d’euros et de 25 millions d’euros si on ne prend pas en compte celles de Schneider et Seb”, précise Thierry Charpentier.

Au-delà du luxe et du camembert

Surprise : les entreprises françaises ont été particulièrement efficaces dans les secteurs des services aux entreprises et des biens à la consommation. Une performance très éloignée de l’image d’Épinal qui veut que la France brille à l'étranger essentiellement grâce à son industrie du luxe et à sa gastronomie.

Ces chiffres prouvent qu’au-delà de LVMH, le numéro un mondial du luxe, et du camembert, “les marques françaises dans les secteurs des services et des biens de consommations bénéficient d’une bonne notoriété en Chine”, se félicite Thierry Charpentier. Car, estime ce spécialiste, pour réussir une fusion-acquisition dans l’ancien empire du Milieu, il n’y a pas de mystère : “les Chinois font avant tout confiance à des marques qu’ils connaissent et qui ont une forte histoire”.

Mais la notoriété ne fait pas tout. Encore faut-il, d’après Thierry Charpentier, que les entreprises qui veulent faire des affaires en Chine arrivent à se fondre dans la culture locale et adapte leurs produits aux besoins de la population. Là aussi, les succès 2011 démontreraient que le travail de terrain de certains groupes français commence à porter ses fruits. “Un groupe comme Schneider est, ainsi, presque perçu sur place comme une société chinoise ”, souligne Thierry Charpentier.

Une bonne nouvelle pour l'emploi en France ?

L'offensive chinoise des entreprises hexagonales s’explique, en grande partie, par la crise de la zone euro. “Elles cherchent dans un pays à forte croissance des opportunités qu’elles ne trouvent plus sur le marché national ou même européen”, reconnaît Thierry Charpentier. Mais ces investissements qui semblent perdus pour le territoire français ne sont pas forcément une mauvaise nouvelle pour l’emploi hexagonal. “Ces fusions-acquisitions doivent permettre à ces sociétés d’assurer leur stabilité financière”, explique le spécialiste de PwC. En d’autres termes, les bénéfices que ces entreprises comptent dégager de ces opérations pourraient éviter des plans sociaux sur le sol national. À voir.

L’excellent millésime chinois 2011 ne signifie pas pour autant que la France est devenue du jour au lendemain la première puissance économique européenne en Chine. “L’Allemagne dispose de davantage de parts de marché en Chine ce qui peut expliquer pourquoi ses entreprises ont moins investi que leurs homologues françaises”, note Thierry Charpentier. La ruée vers la Chine des sociétés tricolores serait donc avant tout dû à un effort de rattrapage sur leurs concurrentes européennes.

Reste à savoir si les succès de 2011 vont se renouveler. Les six premiers mois de 2012 montrent en tout cas que les entreprises françaises sont bien décidées à faire leur trou en Chine. Mais vont-elles y arriver ? Cela dépend beaucoup de grands coups comme ceux de Schneider ou Seb. Des succès difficiles à anticiper tant “ils dépendent de facteurs externes comme la volonté ou non de Pékin de laisser un groupe étranger entrer dans le capital d’une société chinoise”, conclut Thierry Charpentier.