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L’UMP coupée en deux après l’élection de Jean-François Copé

Après une journée d’intense bras de fer entre les deux prétendants à la présidence de l’UMP, la commission interne à l'UMP a déclaré Jean-François Copé vainqueur de l'élection. Fillon prend acte mais déplore une "fracture morale" au sein du parti.

Il a raté son pari de devenir numéro un. François Fillon, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, a pris "acte de sa défaite", lundi 19 novembre au soir, après la proclamation de la victoire de son rival Jean-François Copé, qui l’a emporté d'un cheveu (50,03%, soit 98 voix d'avance), au terme de 24 heures d'intense suspense.

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"Une avance infime"
L’UMP coupée en deux après l’élection de Jean-François Copé

En tête depuis des mois dans tous les sondages, le député de Paris a subi une sévère déconvenue alors qu’il avait sur le papier de nombreux atouts en main : son charisme d'homme d'État acquis après cinq ans passés à Matignon, son statut de présidentiable face à François Hollande pour l'élection de 2017 et le ralliement d'une large partie des "barons" du parti.

Visiblement affecté par sa défaite, François Fillon ne s’est pas éternisé devant les médias après l’annonce des résultats par la Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales (Cocoe) et s’est contenté de faire une déclaration de moins d’une minute dans laquelle il a annoncé qu'il ne contesterait pas le résultat même s'il ne "pouvait s'en satisfaire".

"Fracture politique et morale"

Amer, le candidat malheureux a surtout lâché le mot qui fâche en déplorant "une fracture politique et morale" à l'UMP, tout en précisant qu'il entendait "la réduire" et la "dépasser". "Je ferai connaître dans les jours qui viennent les formes que prendront mon avenir et mon engagement politique", a-t-il ajouté, dans une très brève allocution faite depuis son siège de campagne parisien, laissant planer le doute quant à son ralliement à Jean-François Copé.

Dans le camp du vainqueur, on s’efforce de positiver et de rappeler que l’adversaire est avant tout à gauche. Le député-maire de Meaux a indiqué qu'il avait téléphoné à son rival pour l'inviter à travailler ensemble au sein de l'UMP. "Mes mains et mes bras sont grand ouverts [...] Je n'ai ni amertume ni rancœur. Ce qui nous rassemble est infiniment supérieur à ce qui nous divise", a-t-il déclaré.

Mais la campagne de Jean-François Copé, basée sur la ligne d'une "droite décomplexée", adepte des formules-chocs ("racisme anti-Blancs"), et insistant sur les dérives supposées du ramadan, ne semble pas du goût de François Fillon, qui s’est toujours posé comme le garant d’une droite moins radicale et à la tonalité plus centriste. "On sait où passe cette ligne de fracture. Elle oppose une droite plus moderne, plus ouverte, à une droite plus conservatrice, plus identitaire", analyse le journaliste Philippe Tesson dans une tribune publiée le 19 novembre dans Le Point.

À qui profite le déchirement ?

Le déchirement au sein du parti de l’ancien président Nicolas Sarkozy - associé à un scrutin serré et à des soupçons de fraudes - a surtout fait la joie du Front national (FN). Si Jean-François Copé a gagné, "c'est qu'il a un peu respiré le parfum de Marine Le Pen", a déclaré, lundi soir, sur BFM-TV le député Gilbert Collard (FN). "Il y aura certainement des lignes qui vont bouger dans les jours ou les semaines qui viennent. On a un boulevard devant nous", a estimé Philippe Vigier, porte-parole du parti centriste UDI de Jean-Louis Borloo.

Quant au Parti socialiste (PS), toujours marqué par ses propres déboires au Congrès de Reims de 2008, il est resté plutôt discret sur la question. Certains responsables du PS n'ont toutefois pas résisté à l’envie d’ironiser sur cette "guerre des chefs" qui a tourné au "mauvais vaudeville", feignant d’oublier l’âpre duel qui avait opposé quatre ans plutôt, presque jour pour jour, Ségolène Royal à Martine Aubry pour le poste convoité de Premier secrétaire.