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L'armée ivoirienne coupable d'exactions "généralisées", selon Human Rights Watch

L'ONG Human Rights Watch accuse l'armée ivoirienne d'avoir commis des atteintes aux droits de l'Homme, notamment des traitements inhumains et parfois des actes de torture, après une vague d'attaques lancées en août par des groupes armés.

L'ONG Human Rights Watch accuse l’armée de Côte d’Ivoire d’atteintes "généralisées" aux droits humains commises en août et au début du mois de septembre 2012. Dans un rapport de 80 pages intitulé "Bien loin de la réconciliation : Répression militaire abusive en réponse aux menaces sécuritaires en Côte d’Ivoire", publié lundi 19 novembre, l ’organisation de défense des droits de l’Homme dénonce des arrestations arbitraires, des détentions illégales, des actes d’extorsion,  des traitements inhumains et, dans certains cas, des actes de torture perpétrés par les Forces républicaines (FRCI) à l’encontre de partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo.  

Le gouvernement du président Alassane Ouattara a été confronté entre août et octobre à une série d'attaques armées, notamment à Abidjan, qu'il a attribuées à des fidèles de Laurent Gbagbo, ce que le camp de l'ex-président récuse. Auparavant, des attaques meurtrières avaient aussi eu lieu dans l'ouest du pays, à la frontière libérienne. Depuis avril, au moins 50 personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées au cours de ces attaques "que le gouvernement ivoirien a imputé de façon crédible à des militants pro-Gbagbo résolus à déstabiliser le pays", écrit HRW après une mission de trois semaines à Abidjan entre août et septembre.
Une répression qui rappelle les violences postélectorales
Mais la "répression" qui a suivi les attaques d'août "a été marquée par des actes rappelant les crimes graves commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011" ayant fait quelque 3 000 morts, écrit Human Rights Watch .
"Il y a eu des rafles dans le quartier de Youpougon, à Abdidjan, qui font suite aux attaques inacceptables du camp Gbabo pendant l’été à la frontière et à Abidjan. Une centaine de jeunes a été arrêtée par l’armée et emprisonnée dans des camps militaires où ils sont très maltraités", précise Jean-Marie Fardeau, directeur France de HRW à l’antenne de FRANCE 24.
Mettre fin à l’impunité
L’ONG dénonce l’impunité qui caractérise le camp pro-Ouattara qui ne tient pas ses promesses d’appliquer la même justice pour tous.  "Aucun responsable militaire du camp Ouattara, connu pour avoir commis des crimes contre l’humanité ou des atrocités, n’a été poursuivi, arrêté ou ne fait l’objet d’enquête. Du côté de Gbagbo, plus de 120 personnes sont en prison ; il y a de bonnes raisons pour qu’ils y soient mais le fait que ce ne soit pas équilibré est inacceptable", ajoute Jean-Marie Fardeau.
Le pouvoir ivoirien doit tenir ses "promesses maintes fois répétées de mettre fin à l’impunité", exhorte l'ONG, estimant dans son rapport que "la justice des vainqueurs et les abus généralisés" contre des pro-Gbagbo présumés risquent de "replonger la Côte d’Ivoire dans le conflit.
Le gouvernement avait en effet promis d'ouvrir des enquêtes après que l'ONG Amnesty International a affirmé en octobre que "plus de 200 personnes", dont des pro-Gbagbo, ont été "arbitrairement détenues et torturées".
Capturé en avril 2011 par les forces fidèles à son successeur Alassane Ouattara, dont il refusait de reconnaître la victoire électorale, Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye où il doit répondre de crimes contre l’humanité devant la Cour pénale internationale.