Sans surprise, les Azerbaïdjanais ont massivement approuvé la suppression de la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, permettant à Ilham Aliev d'être candidat en 2013. Pour la troisième fois.
AFP - Les Azerbaïdjanais se sont prononcés mercredi par référendum pour la levée de la limitation à deux du nombre des mandats présidentiels, ouvrant la voie à ce que la famille Aliev se perpétue au pouvoir.
Cet amendement à la Constitution a été approuvé par 92% des électeurs, selon des résultats partiels portant sur 54% des bulletins dépouillés, a annoncé la commission électorale centrale.
Une dizaine d'autres amendements constitutionnels soumis à référendum, dont l'un sur les restrictions aux droits des médias, sont également censés être approuvés, a déclaré aux journalistes le chef de la commission électorale centrale, Mazahir Panakhov.
"Le pourcentage de oui est si grand que nous pouvons déjà dire que tous ces changements seront approuvés", a-t-il indiqué.
Le taux de participation final a atteint 71%, selon la commission électorale.
Des mouvements d'opposition de cette ex-république soviétique avaient appelé à boycotter le scrutin, estimant que son seul objectif était de permettre à Ilham Aliev, 47 ans, d'être président à vie.
Ali Keremli, leader du parti anti-gouvernemental Front national a d'ores et déjà dénoncé "plusieurs violations" constatées par les observateurs de l'opposition.
En même temps, dans les bureaux de vote de Bakou, la capitale, des électeurs ont affirmé être favorables aux mesures proposées par M. Aliev et lui être reconnaissants pour la période de forte croissance que connaît depuis plusieurs années ce pays musulman de huit millions d'habitants.
M. Aliev, qui a succédé à son père en 2003, a été réélu en octobre à une forte majorité pour un deuxième mandat de cinq ans qui devait être le dernier. Avant lui, Heydar Aliev, ancien membre du KGB et leader communiste, avait présidé aux destinées du pays presque sans interruption de 1969 à 2003.
Les amendements soumis à référendum permettraient aussi de retarder les scrutins présidentiels ou législatifs en cas de guerre. Malgré un accord de cessez-le-feu, l'Azerbaïdjan est toujours en conflit avec l'Arménie voisine au sujet du Nagorny Karabakh, région que M. Aliev a promis de ramener sous contrôle azerbaïdjanais.
Certaines modifications proposées comme des restrictions au droit de photographier, filmer ou enregistrer des gens sans leur assentiment sont jugées inquiétantes par les organisations de défense des journalistes dont la situation est déjà difficile en Azerbaïdjan.
Des dizaines de journalistes ont été emprisonnés ces dernières années en Azerbaïdjan en vertu d'une législation controversée qui pénalise lourdement la diffamation.
Fin 2008, les autorités ont interdit la diffusion des émissions locales de la BBC, de Voice of America et de Radio Liberty, considérées comme de rares sources d'information indépendantes dans le pays.
Début mars, le Parlement a aussi approuvé des amendements donnant pouvoir aux tribunaux de faire cesser l'activité d'un média dont le directeur est un citoyen étranger ou n'a pas une formation assez élevée.
Ces initiatives n'ont guère suscité de remous en Occident. L'opposition azerbaïdjanaise accuse depuis longtemps les gouvernements occidentaux de ménager M. Aliev pour s'assurer un accès aux immenses réserves d'hydrocarbures du pays et avoir une influence sur le réseau stratégique de gazoducs et oléoducs de la région.