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Le géant suédois du meuble reconnaît que des détenus politiques du régime communiste de l'Allemagne de l'Est avaient travaillé pour lui dans les années 1970 et 1980. Un nouveau scandale qui vient écorner un peu plus l'image du groupe.

C’est un nouveau scandale pour Ikea. Cette fois-ci, l’affaire se déroule en Allemagne. Le géant de l’ameublement suédois a reconnu, vendredi 16 novembre, que des prisonniers politiques du régime communiste d’Allemagne de l’Est avaient participé à l’assemblage de meubles pour le groupe pendant les années 1970 et 1980.

Une révélation qui découle d’une enquête menée par le cabinet de conseil en stratégie d’entreprises Ernst & Young et commandée... par l'entreprise suédoise. Après avoir consulté près de 100 000 pages de documents à la fois internes à Ikea et d’archives d’Allemagne de l’Est, l’étude conclut qu’une partie de la hiérarchie du groupe suédois de l’époque était au courant des conditions dans lesquelles les meubles étaient fabriqués en ex-République démocratique d’Allemagne (RDA).

“Nous regrettons profondément que cela se soit produit, s’est excusée, vendredi, Jeanette Skjelmose, l’une des responsables d’Ikea en Allemagne. Nous avions mis en place des dispositifs pour que cela ne se produise pas mais visiblement notre système de contrôle n’était pas suffisamment efficace à l’époque pour prévenir de telles méthodes de production”, a-t-elle ajouté.

Ikea n’a pas décidé de son propre chef de faire la lumière sur cet épisode peu glorieux de son passé. La marque a dû s’y résoudre après la diffusion, en mai dernier, d’une enquête de la télévision suédoise qui avait alors fait exploser cette bombe sociale au visage du célèbre groupe.

Secte et racisme...

L’affaire avait fait grand bruit en Allemagne et des anciens détenus politiques de RDA étaient venus confirmer dans les médias avoir dû “travailler dans des conditions inhumaines” sur ces sites. Le quotidien conservateur allemand Frankfurter Allgemeine avait révélé, par la suite, qu’Ikea aurait également bénéficié, à la même époque, du fruit du labeur de prisonniers politiques à Cuba.

La reconnaissance des faits ne met toutefois pas un point final à ce scandale. D’abord parce que le rapport en lui-même est remis en cause par l’association allemande d’aide aux victimes de la RDA. “Il est difficile de prendre pour argent comptant un rapport que l’accusé a lui-même commissionné auprès d’un cabinet qu’il a probablement payé”, souligne au quotidien allemand Handelsblatt Roland Schulz, vice-président de l’association, qui regrette qu’un organisme scientifique indépendant n’ait pas été mandaté. Pour les anciens prisonniers politiques allemands toujours en vie, ce rapport ouvre également un droit à réparation à l’encontre d’Ikea.

Le groupe n’avait pas besoin d’un nouveau scandale. Depuis quelques temps, les affaires s’accumulent et mettent sérieusement à mal la réputation d’un certain modèle social à la suédoise qu’Ikea dit vouloir promouvoir.

Le groupe a ainsi été pris la main dans le sac, en octobre dernier, après avoir effacé du catalogue à destination de l’Arabie saoudite des images de femmes légèrement vêtues. Ikea s’est également retrouvé accusé par l’hebdomadaire satirique français Le Canard enchaîné d’espionner aussi bien ses employés que des clients. Le groupe aurait cherché à savoir si certains de ses salariés n’auraient pas des sympathies altermondialistes ou seraient susceptibles d'être “des éco-terroristes”...

Enfin, un livre écrit par un ancien responsable d’Ikea, Johan Stenebo, et paru en 2009 décortique et critique la culture maison du groupe (“La Vérité sur Ikea”). Le controversé fondateur d’Ikea, Ingvar Kamprad, y est comparé à un gourou de secte qui ferait régner un climat de peur au sein de l’entreprise. Johan Stenebo y affirme également que le racisme à l’égard des employés étrangers (non suédois) serait monnaie courante.