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Aux États-Unis, l’urgence s'appelle "falaise fiscale"

Barack Obama et l’opposition républicaine entament des négociations délicates afin d’éviter une hausse automatique des impôts et une baisse des dépenses début 2013. Une bombe à retardement appelée "falaise fiscale". Explications.

L’heure des négociations a sonné. L’administration démocrate du président américain Barack Obama et les représentants des républicains dans les deux chambres du Congrès planchent, à partir de ce vendredi, sur un compromis pour éviter ce que les États-Unis appellent le "fiscal cliff" ("falaise fiscale").

Le Fonds monétaire international (FMI) s’est réjoui, jeudi, du début des négociations aux États-Unis et appelle à un compromis rapide sur cette question. Pour tous, il s’agit, en effet, de la priorité numéro 1 de l’économie américaine : sans accord politique pour éviter cette "falaise fiscale", les Américains vont se réveiller, le 1er janvier 2013, avec une gueule de bois fiscale carabinée. L’économie américaine se dirigerait alors vers une récession programmée pendant une bonne partie de 2013.

Une sombre perspective dont personne ne veut. Mais comment les États-Unis ont-il pu se mettre dans une telle situation et qu’est-ce que cette fameuse "falaise fiscale" ? FRANCE 24 a préparé un récapitulatif des principaux points de cette urgence économique pas si américano-américaine que ça :

La “falaise fiscale” qu’est-ce que c’est ?

Ce terme désigne une forte augmentation automatique des impôts et autres taxes accompagnée par une baisse conséquente des dépenses publiques à partir du 1er janvier 2013.

Cette double peine fiscale aurait pour effet bénéfique de réduire dès l’année prochaine le déficit américain - qui s’élève à 1 100 milliards de dollars - de 510 milliards de dollars.

Mais l’augmentation des impôts entraîneraient une probable chute de la consommation, tandis que la baisse des dépenses de l’État signifierait la fin de plusieurs contrats publics et des coupes budgétaires dans certaines aides aux populations les plus démunies.

Conséquence : l’économie américaine se contracterait de plus de 1 % pendant au moins six mois en 2013, selon la commission du Budget du Congrès.

D’où vient cette “falaise fiscale” ?

L’homme qui a le plus nourri cette bombe fiscale à retardement est Georges W. Bush. Une grande partie des hausses de taxes qui entreraient en vigueur au 1er janvier 2013 est, en effet, le résultat de la fin programmée de réductions d’impôts sur le revenu et de baisses des charges salariales décidées en 2001 par l’administration Bush.

Mais le président de l’époque n’en est pas le seul responsable. Si ses cadeaux fiscaux auraient dû se terminer à la fin de ses mandats, Barack Obama a décidé de les prolonger pour soutenir la consommation et l’activité économique américaines.

L’autre volet concerne la baisse automatique des dépenses. Elle vient du désaccord entre le président Barack Obama et les républicains au Congrès sur la manière de réduire le déficit américain. Ce blocage a entraîné l’adoption, fin 2011, de la loi sur le contrôle des dépenses budgétaires, qui prévoit un plan sur 10 ans pour économiser 1 200 milliards de dollars. Les premières coupes, qui interviendront l’année prochaine, représentent 65 milliards de dollars.

Qui serait touché par la "falaise fiscale" ?

Tout le monde. Le foyer américain "moyen", qui gagne 50 000 dollars par an, verrait ainsi ses impôts augmenter de 2 100 dollars en cas de plongeon du haut de la "falaise fiscale". Les plus riches ne seraient pas épargnés, d’autant moins qu’une part non négligeable des exonérations de l’ère Bush les concerne. Ainsi, le fameux 1 % des Américains les plus fortunés devraient verser 600 000 dollars en plus au fisc.

La baisse des dépenses ferait très mal au secteur de la défense - principale cible des coupes budgétaires - et de la santé, qui seraient privés d’une partie des subventions publiques mises en place par Barack Obama.

Est-ce un problème américano-américain ? Si les Américains seraient les premiers touchés par la “falaise fiscale”, l’onde de choc se ferait un peu partout dans le monde.

Une récession aux États-Unis, première puissance économique mondiale, ne serait pas une bonne nouvelle pour les autres régions du monde. Une baisse de la consommation consécutive à la hausse des impôts et une augmentation du chômage à cause de la récession entraînerait mécaniquement une chute des importations. De quoi inquiéter l’Europe et la Chine, principaux exportateurs vers les États-Unis. C’est pourquoi Christine Lagarde, la patronne du FMI, a fait de la "falaise fiscale" le principal danger qui pèse actuellement sur la stabilité économique mondiale.