Alors que deux cas de suicides liés à des procédures d'expulsion ont choqué l'Espagne ces dernières semaines, les banques ont accepté de geler les saisies de logement dans les cas "d'extrême nécessité" pendant deux ans.
L'association espagnole des banques (AEB) a annoncé lundi le gel, pour deux ans, des expulsions de propriétaires surendettés dans les cas les plus graves, après deux suicides en quinze jours qui ont provoqué un mouvement de protestation sociale.
L'association dit être parvenue, jeudi dernier, à "l'engagement de tous ses membres, pour des raisons humanitaires et dans le cadre de leur politique de responsabilité sociale, de bloquer les expulsions pendant les deux prochaines années, dans les cas d'extrême nécessité", selon un communiqué.
Elle ne précise pas les critères définissant ces "cas d'extrême nécessité", mais assure avoir été interpellée par "l'alarme sociale générée par les expulsions de propriétaires".
Peu après cette annonce, l'association espagnole des caisses d'épargne (Ceca) a annoncé dans un communiqué avoir elle aussi décidé de "suspendre l'exécution des expulsions des résidences principales pour les collectifs spécialement vulnérables", cette fois "jusqu'à l'entrée en vigueur de la réforme normative annoncée par les autorités".
Ces deux décisions surviennent au moment où le gouvernement se réunit lundi après-midi avec l'opposition socialiste afin de s'accorder sur des mesures d'urgence dans ce domaine.
Avec 350.000 propriétaires surendettés expulsés depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, ce phénomène est l'une des manifestations les plus criantes de la crise économique en Espagne.
Il a pris une tournure dramatique ces dernières semaines, avec deux suicides en quinze jours de propriétaires sur le point d'être expulsés, ce qui a entraîné des manifestations, notamment à Madrid, où des centaines de personnes se sont regroupées aux cris de "banquiers assassins !".
L'association des banques explique lundi que son nouvel engagement, pris auprès du secrétaire d'Etat à l'Economie, "a fait l'objet d'un débat intense et profond des banques membres de l'AEB, afin de contribuer à pallier la situation de détresse de beaucoup de personnes, en raison de la crise économique".
L'association des caisses d'épargne assure, quant à elle, que ses membres ont fait "des efforts, de manière indépendante et depuis le début de la crise, pour éviter les expulsions".
Les caisses d'épargne "ont étudié les situations au cas par cas pour offrir aux clients emprunteurs la mesure la plus opportune, comme des refinancements de dette, des périodes de carence, le don du domicile pour solder la dette ou l'acquisition du logement pour le louer ensuite au débiteur", explique la Ceca.
Samedi, la caisse Kutxabank avait été la première du secteur à décider de suspendre les expulsions de propriétaires accumulant des impayés, dans l'attente de connaître la nouvelle législation.
AFP