Alors que le Parlement grec s’apprête à voter de nouvelles mesures de rigueur réclamées par la troïka, des dizaines de milliers de personnes ont exprimé dans les rues, mardi et mercredi, leur opposition à davantage d’austérité.
La coalition gouvernementale grecque se trouve face à une nouvelle impasse. D’une part, elle se doit de contenter la troïka en adoptant, mercredi au Parlement, de nouvelles mesures d’austérité cruciales, sans quoi le pays pourrait bien se retrouver très vite en défaut de paiement. D’autre part, elle est contrainte de faire face à ses divisions internes et à un contexte social tendu, alors qu’une grève générale de 48 heures paralyse l'économie et les administrations du pays depuis mardi.
En cause : les nouvelles mesures de rigueur réclamées par les bailleurs de fonds, l’Union européenne (UE) et le Fond monétaire international (FMI), d’un montant global estimé à 13,5 milliards d’euros. Ces mesures constituent un pré-requis pour le versement de l’aide de 31,5 milliards d'euros d'aides de l’UE et du FMI, dont la majeure partie doit servir à recapitaliser les banques du pays.
L’austérité ou la faillite
Farouchement opposés à un durcissement de l’austérité, des dizaines de milliers de manifestants ont convergé en fin d'après-midi, mercredi, vers la place Syntagma, devant le Parlement, à l'appel des syndicats. Selon ces derniers, ces mesures auront pour effet d’affaiblir encore les plus pauvres et menacent de ruiner ce qui reste de l'économie. "Si les parlementaires votent en faveur de ces mesures (...), ils auront commis le plus grand crime politique et social jamais commis contre le pays et le peuple", a déclaré Nikos Kioutsoukis, secrétaire général du syndicat GSEE du secteur privé.
Malgré les multiples plans d'austérité qui se sont succédés depuis le début de crise, la dette publique grecque continue d'enfler et devrait atteindre 189% (PIB) l'année prochaine.
Toutefois, en cas de non-versement de la nouvelle tranche d’aide, la Grèce pourrait bien se retrouver en défaut de paiement d’ici peu de temps. Les caisses de l’État seront en effet vides avant la fin du mois. Le versement d'une tranche de 31,2 milliards d'euros du prêt promis au pays l'hiver dernier est donc vital.
"Nos amis grecs n'ont pas d'autre choix", a déclaré Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, devant l'Association de la presse étrangère à Singapour. "Ils doivent le faire [poursuivre la remise en ordre de ses finances publiques]. Et mon impression est que les réformes qui sont mises en œuvre en Grèce sont de mieux en mieux comprises par les citoyens grecs".
Le nouveau plan prévoit, entre autres, une baisse des pensions de retraite pouvant atteindre 25% et la suppression des primes de vacances versées aux fonctionnaires.
Enjeu politique
Sur un plan politique, le vote au Parlement constitue le test le plus sérieux pour le gouvernement du Premier ministre conservateur Antonis Samaras, depuis son arrivée aux affaires en juin. La fragile coalition gouvernementale - Nouvelle-Démocratie (droite), Pasok (socialiste) et Dimar (gauche) - ne résisterait sans doute pas à un rejet du plan.
FRANCE 24 avec dépêches