
, envoyé spécial aux États-Unis – Comme la grande majorité des États-clés, la Virginie a basculé en faveur de Barack Obama. Les envoyés spéciaux de FRANCE 24 ont vécu cette soirée historique au QG démocrate de la ville étudiante de Charlottesville. Reportage.
Cela devait être une soirée longue et tendue pour les démocrates de Virginie. Les bénévoles de la campagne Obama avaient prévu des réserves conséquentes de pizzas et de bières pour tenir jusqu'au bout de la nuit au bar l'Arena, dans le centre-ville de Charlottesville. Mais rapidement, l'inquiétude s'est estompée sur les visages et le nombre de "high five" (tape dans la main) est allé crescendo, à mesure que les chaînes de télévision américaines avançaient dans leur décompte des grands électeurs.
La salle a définitivement chaviré aux alentours de 23h30 quand il a été clair que Romney ne pourrait plus refaire son retard. Ultimes satisfactions pour les démocrates de Virginie : Obama s'est imposé dans leur État et le démocrate Kaine sera leur représentant au Sénat.
Au final, si le vote populaire est serré sur le plan national entre les deux candidats à la présidence (51% pour Obama, 49% pour Romney - ces résultats ne sont toutefois pas encore définitifs), la victoire est écrasante pour Obama, qui a emporté la quasi-totalité des "Swing States", les Etats-clés. Mis à part l'Indiana et la Caroline du Nord, il a conservé tous les États qu'il avait ravis aux républicains en 2008 (la Floride n'a toujours pas livré son verdict à l'heure où nous écrivons ces lignes).
"Romney aurait fait un très mauvais président, peut-être même pire que George W. Bush"
Pour bâtir sa victoire, le président sortant s'est de nouveau appuyé sur les groupes qui l'avaient porté au pouvoir : les femmes, les afro-américains, les latinos et les jeunes.
À Charlottesville, Kasper Jones, un Américain d'origine danoise, n'aurait raté cette soirée pour rien au monde. "La victoire d'Obama va avoir un impact positif sur le monde entier", se réjouit-il.
April Atyward est d'autant plus enthousiaste ce soir, qu'elle s'est beaucoup investie dans la campagne en tant que bénévole pour le camp démocrate. "Notre travail a payé. Je suis tellement émue, j'ai envie d'embrasser tout le monde. Maintenant qu'il est réélu, j'espère vraiment que le Congrès va travailler avec Obama."
Kristin Szakos est la maire-adjointe de Charlottesville. Pour elle, "cette victoire prouve qu'on ne peut pas acheter une élection. Le peuple a gagné ce soir, pas l'argent".
Dell Erwin a elle aussi contribué à la campagne d'Obama en passant des coups de téléphone et en faisant du porte à porte. '"L'enjeu était encore plus important ce soir. Romney aurait fait un très mauvais président, peut-être même pire que George W. Bush. La réforme du système de santé [Obamacare, ndlr] est le plus grand succès d'Obama", explique-t-elle.
Dallas Pitt est l'un des rares ce soir à ne pas avoir tremblé. "Je suis suffisamment calé en math, j'avais prévu tous ces chiffres. Maintenant, j'espère qu'Obama va continuer ce qu'il a commencé, notamment en matière de politique internationale. La perspective d'une guerre avec l'Iran vient subitement de s'éloigner", commente-t-il.
Croisé en fin de soirée, l'ancien vice-président du parti démocrate de Charlottesville, Richard Johnson, fume une dernière cigarette avant d'aller se coucher, le coeur léger. "J'ai beaucoup d'amis républicains et indépendants qui m'avaient dit que la gauche allait être balayée. Je vais me faire un plaisir de leur répondre. Obama a les mains libres pendant quatre ans, j'espère qu'il va accomplir de grandes choses. Et après lui, je vois bien Hillary Clinton tenter sa chance en 2016."