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Des millions de dollars ont été dépensés depuis le début de la campagne présidentielle américaine. À l’argent déversé par les candidats eux-mêmes s’ajoute celui des Super PACs, des groupes de pression capables de lever des fonds sans limite.
La campagne présidentielle américaine est déjà, selon les premières estimations, la plus chère de toute l’histoire des États-Unis.
À l’origine de ces dépenses spectaculaires, une décision de la Cour suprême des États-Unis de janvier 2010. Ce texte, intitulé Citizens United vs Federal Election Commision, autorise les entreprises mais aussi les syndicats et les groupes de pression à faire campagne pour un candidat, sans limite de donations.
"Il est évident que la Cour suprême a eu un impact énorme quand elle a décidé que l'implication des entreprises dans la campagne ne pouvait plus être limité", analyse Jeffrey Rosen, professeur de droit à l'université George Washington. "Cela a permis l'émergence de groupes de pression, appelés Super PACs [Political Action Committee, ndlr], qui influencent l'élection. Mais les dons individuels, parfois très conséquents, sont tout aussi importants", ajoute-t-il.
N’importe quelle entreprise et n'importe quel individu peut dépenser autant qu’il le souhaite via ces officines pour tenter de convaincre les électeurs. La seule contrainte est qu’il n’y ait pas de lien ou de coordination avec les équipes de campagne des candidats. Les Super PACs peuvent donc soutenir un candidat mais surtout dénigrer son rival, ce que certains de ces groupes de pression ne se privent pas de faire, parfois sur un ton très agressif.
itLa démocratie américaine en péril ?
Une influence des plus fortunés sur la politique américaine que déplorent certains groupes de défense des citoyens et de la démocratie. "Aujourd'hui, quelqu'un comme le milliardaire Sheldon Adelson est capable de dépenser 100 millions de dollars [77 millions d’euros, ndlr] en publicités de campagne", explique Craig Holman, membre du groupe de surveillance "Public Citizen". "Nous, la classe moyenne, même si on se met tous ensemble, on n'arrivera jamais à rassembler 100 millions de dollars et là on parle d'une seule personne !", s’indigne-t-il.
Au total, les candidats et les groupes de pression pourraient avoir dépensé à la fin de la campagne plus de 6 milliards de dollars en publicité. Un record. Mais pour les partisans de la nouvelle loi, cette décision est plutôt positive pour les électeurs. "Dans ce pays, nous dépensons beaucoup plus d'argent pour convaincre les gens d'acheter du savon que pour les convaincre de voter pour celui qui devrait diriger notre pays et ramener la prospérité", argumente Chris Chocola, président de "Club for growth", l’un de ces Super PACs.
Mais cette générosité n’est pas dépourvue de tout calcul. Les donateurs les plus riches espèrent parfois obtenir certains avantages en contrepartie, comme par exemple un accès privilégié à l’entourage du futur président. "L’idée de ces super PACs, c’est en effet de miser gros pour pouvoir acheter des sièges au Sénat par exemple et faire basculer la majorité", analyse Anne Deysine, spécialiste de politique américaine et enseignante à Paris-X Nanterre. "Que des individus puissent prendre ce genre de décisions, ce n’est plus démocratique", estime-t-elle.