Sous le coup d'une menace d'extradition vers les États-Unis, le sulfureux Kim Dotcom annonce le lancement le 20 janvier d'un nouveau site de téléchargements et de streaming. Au risque de faire un nouveau passage par la case prison.
"Le 20 janvier, ce bouton changera le monde." Kim Schmitz, alias Kim Dotcom, a confirmé, jeudi 1er novembre, la date de lancement d'une nouvelle version de l'ancien site de téléchargement et de streaming Megaupload, baptisée Mega et annoncée comme "indestructible".
Bête noire du gouvernement américain, qui entend le juger pour violation de droits d'auteurs, le sulfureux Kim Schmitz a une nouvelle fois créé l'événement. L'annonce de la date de lancement de Mega a été retardée d'environ une heure après que le site kim.com a été pris d'assaut. Un engouement qui a réjoui Kim Schmitz, qui a commenté l'opération via son compte Twitter.
"Les serveurs sont surchargés. J'ajoute de la capacité. Arrêtez de rafraîchir le site", a-t-il écrit sur le site de microblogging. "Tous les agents du FBI rafraîchissent le site. On peut voir leurs adresses IP !"
Sa liberté conditionnelle menacée ?
La date choisie pour le lancement de Mega est loin d’être le fruit du hasard. Megaupload devrait faire son retour un an jour pour jour après l'arrestation de son fondateur Kim Schmitz en Nouvelle-Zélande, à la demande du FBI américain. Les États-Unis accusent les responsables de la plateforme d'avoir amassé frauduleusement un pactole de 175 millions de dollars (135 millions d'euros) en proposant des copies piratées de films, de programmes télévisés et d'autres contenus. Une accusation contestée par Kim Schmitz, qui affirme que Megaupload se battait contre le téléchargement illégal.
La demande d'extradition du millionnaire vers les États-Unis devrait être étudiée en mars par la justice néo-zélandaise. Libéré sous caution le 22 février après avoir passé un mois en prison, Kim Schmitz est aujourd’hui assigné à résidence dans sa luxueuse propriété d'Auckland.
Le lancement de Mega peut-il remettre en cause sa liberté conditionnelle ? Selon le site TechDirt, qui publie un rapport de justice daté du 24 octobre, le département de la Justice américain a prévenu Kim Schmitz qu'il violerait les conditions de sa liberté sous caution s'il lançait un nouveau site. Et, dans une déclaration sous serment faite en janvier en Nouvelle-Zélande, le patron de feu Megaupload se serait engagé à ne pas relancer une telle entreprise.
"Si le défendeur Dotcom a intentionnellement induit le tribunal de Nouvelle-Zélande en erreur sur ses intentions et ses capacités de façon à obtenir sa remise en liberté, la situation de liberté sous caution de Dotcom pourrait être mise en danger ou il pourrait même être exposé à des chefs d'accusation supplémentaires", prévient la justice américaine.
Des algorithmes de cryptage avancés
Si Kim Schmitz est susceptible de retourner à la case prison, son nouveau site et ses collaborateurs devraient, eux, pouvoir échapper aux poursuites judiciaires. Mega utilisera des technologies de cryptage avancées et seuls les utilisateurs possèderont la clé nécessaire à la lecture des fichiers. Cette clé ne sera pas stockée et les administrateurs de Mega n'en auront pas de copie : ils seront donc, en théorie, intouchables sur le plan légal.
Les fichiers, eux, seront répartis sur des milliers de serveurs à travers la planète. Mega n'aura pas de partenaires basés aux États-Unis.
S'il a bien lieu le 20 janvier 2013, le lancement de Mega devrait en tout cas faire des heureux. Avant son extinction, Megaupload figurait parmi les 15 sites les plus fréquentés au monde. Avec 50 millions de personnes par jour, le site ne comptait pas moins de 180 millions d’abonnés.