Invité de l'émission "Preuves par 3" sur la chaîne Public Sénat, l'ex- ministre Gérard Longuet a fait un bras d'honneur en apprenant qu'un ministre algérien souhaitait que Paris reconnaisse "les crimes" commis pendant la colonisation.
C’est un bras d’honneur qui fait jaser. Invité de l'émission "Preuves par 3" diffusée le 30 octobre sur la chaîne Public Sénat, l’ancien ministre de la Défense Gérard Longuet a fait un bras d'honneur rageur pendant le générique de fin. Ignorant visiblement qu’il était toujours filmé, le sénateur et conseiller régional de Lorraine (UMP) venait de s’exprimer sur le mariage homosexuel auquel il est farouchement opposé.
Si certaines associations de défense des droits des homosexuels, prenant cet acte pour elles, se sont offusquées, ce n’est toutefois pas ce sujet qui a déclenché le geste de Gérard Longuet. Interrogé mercredi 31 octobre par BFMTV, l’ancien ministre a démenti tout lien avec le mariage gay. Il assure avoir effectué "de bon cœur" un geste "populaire" en réaction à une dépêche AFP faisant état d'une demande du ministre algérien des moudjahidine (c'est-à-dire des anciens combattants) Mohamed Cherif Abbas à une reconnaissance par la France des crimes perpétrés lors de la colonisation.
"L'émission était terminée et j'apprends que l'Algérie demande à la France qu'elle fasse repentance des crimes du colonialisme", a-t-il expliqué. Et d’ajouter : "Je ne renie rien". La chaîne Public Sénat a confirmé cette version des faits.
Les médias algériens dénoncent "un geste grossier"
Interrogé par "l’Express", Gérard Longuet a tenté d’éteindre la polémique. "La France n'a pas à avoir honte de sa présence en Algérie pendant la colonisation, en tout cas c'est ma conviction", a-t-il déclaré. Pour rappel, l’ancien ministre a, comme Alain Madelin ou Patrick Devedjian, milité dans sa jeunesse au sein d'Occident, un groupe d'extrême droite pro-Algérie française.
En mars 2010, Gérard Longuet avait déclenché un tollé en jugeant préférable de nommer à la présidence de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) quelqu'un du "corps français traditionnel" plutôt que le socialiste Malek Boutih. Il avait ensuite expliqué que son "expression était peut-être raccourcie et maladroite".
La réaction du patron du PS sur Twitter
Le geste de G.Longuet illustre malheureusement la brutalité vulgaire d'une certaine droite qui abîme trop souvent le débat républicain.
Si dans les médias algériens le bras d’honneur de Gérard Longuet est qualifié de "geste grossier", peu d’hommes politiques ont pour l’instant réagit au geste de l’ancien ministre, soutien de François Fillon dans la course à la présidence de l’UMP. Gilbert Collard, député du Front national, s’est exprimé sur le sujet, le 1er novembre sur LCI. "Il a bien fait, il a enfin un peu d’honneur au bout du bras, a-t-il commenté. Moi j’ajoute mon bras à celui de monsieur Longuet et puis passons à des choses sérieuses."