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envoyés spéciaux en Floride – Le choix des électeurs de Floride, l'État-clé le plus indécis des États-Unis, pourrait s'avérer déterminant pour l'élection présidentielle du 6 novembre. Nos envoyés spéciaux Julien Peyron et Jon Frosch sont allés à leur rencontre.

Rachel Streitfeld
"Je m’en fiche qu’Obama et Netanyahou ne s’entendent pas"

À ses proches qui lui assurent parfois que Barack Obama a perdu le soutien des juifs américains, Rachel Streitfeld répond qu’ils exagèrent. Cette Floridienne de 28 ans est directrice régionale de l’association “pro-israélienne et pro-paix“ J-Street et une supportrice assumée du président sortant. “Je le soutiens depuis le début, j’apprécie son côté nuancé et réfléchi“, explique-t-elle.

Surtout, cette juive pratiquante réfute les accusations du camp républicain, qui présente Barack Obama comme un leader peu influent dans le monde et notamment au Moyen-Orient. "Je m’en fiche qu’Obama et Netanyahou ne s’entendent pas. C’est qui est beau dans la relation entre Israël et les États-Unis, c’est qu’elle va au-delà des querelles entre leurs chefs d’État respectifs.“

Selon elle, le meilleur moyen de renforcer la sécurité de l’Amérique, c’est de bâtir des alliances, parvenir à des consensus avec les autres pays. “Et Obama est vraiment très bon dans ce domaine“, assure-t-elle.

Le 6 novembre, elle votera donc à nouveau pour le candidat démocrate et se dit convaincue qu’il en sera de même pour une grande majorité des juifs américains.

Jackson Wayland
"Romney n’a aucun respect pour les homosexuels"

Jackson Wayland a grandi dans une petite ville de Géorgie (sud). Aujourd’hui âgé de 23 ans, il est serveur dans le bar gay ”The Palace”, situé sur la plus célèbre avenue de Miami, Ocean Drive.

Le 6 novembre, il votera Barack Obama, un président dont il se sent fier. “Il défend des valeurs qui me sont chères. Je trouve ça formidable qu’il se soit prononcé en faveur du mariage gay. Quant à Romney, il n’a aucun respect pour les homosexuels. Comment pourrais-je voter pour quelqu’un comme ça ?“, explique-t-il.

Au travail, Jackson est habillé comme l’ensemble du personnel du “Palace“ et porte un serre-tête surmonté d’oreilles de démon. Un accoutrement qui fait étrangement écho à ce que ses parents, des baptistes très pratiquants, lui ont dit quand il leur a fait part de son homosexualité : “Ils sont persuadés que les gays vont en enfer après leur mort“.

“J’avais voté pour John McCain et Sarah Palin en 2008, car j’étais jeune et encore très influencé par ma famille et mon entourage, très conservateurs. Mais après avoir quitté ma petite ville, j’ai pu voyager et mieux comprendre le monde. Tous mes amis homosexuels vont voter pour Obama. Il fait presque l’unanimité au sein de notre communauté, j’espère qu’il va gagner“, s’enthousiasme le jeune homme.

Christian Jouault
"J’ai voté Marine Le Pen et Barack Obama"

Christian Jouault est originaire de Normandie, en France, mis il a quitté son pays natal en 1990 car il s’y sentait “enfermé“, “pas libre“. Après quelques années passées à Los Angeles, il s’est installé à Miami où il a ouvert un restaurant, “le café Bastille“.

Il possède désormais la double nationalité, française et américaine, et peut donc participer aux élections des deux côtés de l’Atlantique. “J’ai voté pour Marine Le Pen et Barack Obama“, explique-t-il fièrement, assurant ne pas trouver étrange de soutenir à la fois une candidate d’extrême droite et un autre classé à gauche. “Le Parti démocrate serait de droite s’il existait en France, se justifie-t-il. D’ailleurs, la plupart des Français de Miami sont pro-Obama tout en ayant voté pour Sarkozy ou Le Pen.“

Il assure qu’il y a “beaucoup trop de social“ dans son pays d’origine, même s’il souhaiterait que les États-Unis adoptent un système de santé à la française. “L’Obamacare est une bonne chose pour les États-Unis. Je trouve scandaleux qu’un de mes employés, qui souffre de diabète, se fasse rejeter de toutes les compagnies d’assurance privées“, assène-t-il.

Quant à Mitt Romney, il assure ne pas être impressionné par le personnage : “C’est un businessman comme moi, mais ça ne veut pas dire qu’il ferait un bon chef d’État“.

Tony Almansa
"Je suis en désaccord avec 98 % de la politique de ce président socialiste"

Tony Almansa est arrivé à Miami en 1961 en compagnie de ses parents pour fuir le Cuba de Fidel Castro. Comme la plupart des émigrés cubains de Miami, il est “farouchement opposé au communisme“ et soutient le Parti républicain. “Je vote toujours pour eux, car je veux que les impôts soient abaissés et qu’il y ait moins de régulation dans ce pays“, explique-t-il.

Âgé de 66 ans, il retrouve chaque matin ses amis pour un café au “Versailles“, un célèbre restaurant cubain de la ville, quand il n’y va pas également dîner le soir en famille : “J’ai beau être Américain, je me sens surtout comme un Cubain en exil“.

Il apprécie le candidat Mitt Romney mais ce qu’il espère surtout, c’est que Barack Obama soit battu le 6 novembre. “Je suis en désaccord avec 98 % de la politique de ce président socialiste“, assène-t-il.

Quant à rentrer un jour à Cuba ? “Pourquoi pas, lâche-t-il en souriant. Mais avant, il faut que les Castro soient délogés du pouvoir.“

Patricia Darrigan
"Je ne veux pas financer l’assurance maladie de tout le monde"

Âgée de 49 ans, Patricia Darrigan est la directrice du centre de don d’organes d’une université de Miami. Elle est inscrite au Parti républicain depuis des années et a toujours voté pour le candidat conservateur à l’élection présidentielle.

Au travail, on la surnomme “Ms Fix-it“ (Madame règle tout), car elle est connue pour résoudre les problèmes de son service. Par contre, la solution de Barack Obama pour améliorer le système de santé ne lui plaît guère : “Ça nous coûte beaucoup d’argent et je ne veux pas financer l’assurance maladie de tout le monde“.

Cette catholique pratiquante se dit en revanche favorable à l’avortement et au mariage des homosexuels. Son fils de 26 ans, qu’elle a élevé seule, lui a récemment révélé qu’il est gay et qu’il soutient Barack Obama. “Il fait ce qu’il veut, mais pour moi les questions de société ne sont pas celles qui guident mon vote. Je veux surtout que le futur président mette en œuvre une réforme fiscale et Romney s’est engagé à le faire.“

Depuis son bureau, où sont exposées des photos d’elle en compagnie de Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride et frère de l’ancien président George W. Bush, elle assure qu’elle n’a rien de personnel contre le président Obama, à part peut-être le fait qu’il est “un peu socialiste“.