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L'"Ayraultport", l'épine dans le pied de Jean-Marc Ayrault

Le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, cher à Jean-Marc Ayrault, suscite une telle levée de boucliers qu'il fait désormais de l'ombre au Premier ministre et ex-député-maire de Nantes. Le débat s'est récemment invité au Parlement.

L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, projet phare de Jean-Marc Ayrault lorsqu'il était député-maire de Nantes, au point de susciter le surnom d'"Ayraultport", est en passe de devenir une "épine dans le pied" du Premier ministre, tant il suscite une opposition grandissante.

Les opposants à ce qu'ils ont rebaptisé "Ayraultport" se battent depuis des mois contre ce projet devant les juridictions administratives et sur le terrain. Ces dernières semaines, le débat est également entré au Parlement.

À chaque déplacement dans la région nantaise, le Premier ministre n'y coupe pas, un comité d'accueil des opposants à l'aéroport l'attend. Lors de son interview mercredi dernier sur France Inter, plusieurs d'entre eux ont investi les studios de France Culture pour lire un communiqué pendant qu'un auditeur interrogeait le Premier ministre sur...l'aéroport de Nantes.

Jean-Marc Ayrault maintient que l'aéroport se fera.

"J'avoue ne pas comprendre cette obstination sur un projet anti-écologique et anti-économique", confie à l'AFP Jean-Philippe Magnen, porte-parole national d'Europe-Ecologie-Les Verts. Ce Nantais connaît bien Jean-Marc Ayrault après "dix de coopération politique sur le terrain" en tant qu'élu régional.

"C'est la verrue dans le pied" du Premier ministre, ajoute M. Magnen, soulignant toutefois que les écologistes n'ont "pas envie d'en faire une lutte contre la personne du Premier ministre mais une lutte contre le projet".

"C'est plus qu'une épine dans le pied", estime François de Rugy, co-président du groupe EELV à l'Assemblée. Cet autre Nantais y voit "une forme d'entêtement difficilement justifiable aux yeux des élus et de l'opinion".

"Il n'est pas concevable que ce projet ne soit pas revisité", dit-il, d'autant qu'"il s'agirait du seul projet à survivre à la rigueur budgétaire".

"C'est un projet pour faire plaisir à Vinci et à l'ego de Jean-Marc Ayrault", raille auprès de l'AFP Christine Poupin, porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA).

Mardi, l'intervention des forces de l'ordre pour déloger les opposants a provoqué de nouvelles réactions plus ou moins courroucées.

"Il y a un désaccord sur ce projet, ancien et acté, rien de nouveau sous le soleil", a relevé mercredi sur RTL la ministre EELV Cécile Duflot, en ajoutant ne "pas croire que sur des sujets aussi compliqués, la répression et le manque de dialogue - ce qui est le cas - soient la bonne méthode".

"Nouveau Larzac"

Si François de Rugy estime que "cette opération policière n'a pas d'autre objet que de faire une démonstration de force aux yeux de l'opinion publique pour montrer que le projet se fera coûte que coûte", Patrick Warin, ancien camarade de promotion de François Hollande à l'Ena, y voit un autre message.

Cet ancien directeur de la Caisse des dépôts et consignation, a écrit mardi une lettre ouverte au président de la République.

"La manière dont le pouvoir que vous incarnez gère le projet Notre-Dame-des-Landes va totalement bouleverser les positions politiques chèrement acquises (en Loire-Atlantique, ndrl) (...) la technostructure du Parti socialiste et des grand élus régionaux est en train de s'isoler", prévient-il.

"Vous êtes face à un nouveau Larzac !", ajoute M. Warin.

Onze organisations, dont Greenpeace, la Confédération paysanne ou encore Attac, ont interpellé Jean-Marc Ayrault le 25 octobre au sujet du projet et dénoncé la "brutalité" des expulsions en cours.

"Si le Premier ministre cherche à prouver qu'il sait être ferme et autoritaire, il a bien mal choisi son sujet et son moment. A la veille du débat sur l'énergie, cela augure mal des discussions à venir", a déclaré mardi Greenpeace.

Partenariat public-privé, avec le groupe Vinci en maître d'oeuvre, le projet d'aéroport Grand Ouest est situé à 30 km au nord de Nantes. Il est destiné à remplacer en 2017 l'actuel aéroport de Nantes Atlantique situé au sud de l'agglomération.

AFP