logo

Le prix Sakharov décerné aux Iraniens Jafar Panahi et Nasrin Sotoudeh

Le Parlement européen a décerné son prix Sakharov "pour la liberté de l'esprit" au cinéaste actuellement assigné à résidence à Téhéran Jafar Panahi (photo) et à l'une de ses compatriotes, l'avocate Nasrin Sotoudeh.

Le Parlement européen a décerné, vendredi 26 octobre, à Strasbourg, son prix Sakharov "pour la liberté de l'esprit" à deux militants des droits de l'Homme en Iran, l'avocate Nasrin Sotoudeh et le cinéaste Jafar Panahi.

La première, qui avait défendu des militants d'opposition après l'élection présidentielle contestée de juin 2009, a été condamnée à 11 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'État" en janvier 2011. Le second, dont les films ont été maintes fois primés à l'étranger, a été condamné à six ans de prison en décembre 2010 après avoir soutenu le candidat d'opposition Mirhossein Moussavi à cette même élection. Il est actuellement assigné à résidence et n'a plus le droit de faire des films en Iran.

Vote unanime

"Je suis très fier de vous dire que le vote a été unanime. Aucun groupe politique n'a formulé d'objection", a déclaré le président du Parlement, Martin Schulz, au sortir de la conférence des présidents qui désigne le lauréat. "Nous devons soutenir ces personnes contre un État qui ne respecte aucune des libertés fondamentales. Ce prix, c'est aussi un non très clair au régime iranien", a-t-il ajouté peu après dans l'hémicycle du Parlement.

L'annonce du prix Sakharov intervient à la veille d'une visite controversée que doit effectuer une délégation d'eurodéputés de gauche, du 27 octobre au 2 novembre, auprès du Parlement iranien. Selon Martin Schulz, la conférence des présidents a décidé que la mission devait avoir lieu mais qu'elle devrait emporter des lettres de félicitations aux lauréats du prix Sakharov. "Si les autorités iraniennes empêchent une rencontre avec les lauréats, les délégués du Parlement européen interrompront immédiatement leur voyage et quitteront l'Iran", a-t-il dit.

Les Pussy Riot sur les rangs

La candidature des deux dissidents iraniens avait été présentée par le groupe socialiste et démocrate, les Libéraux-démocrates, les Verts ainsi que quelques eurodéputés du Parti populaire européen. Les deux autres finalistes étaient les activistes du groupe punk russe Pussy Riot et le militant biélorusse des droits de l'Homme Ales Bialiatski.

Le prix Sakharov est décerné depuis 1988 à des personnes ou à des organisations qui se battent pour les droits de l'Homme ou la liberté d'expression. Il est doté de 50 000 euros et sera remis lors d'une cérémonie en décembre à Strasbourg.
 

Reuters