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Duel Fillon-Copé : de l'art de se faire la guerre entre "amis"

Soucieux de ne pas renvoyer l'image d'un parti divisé, les deux candidats à la présidence de l'UMP vont s'efforcer, jeudi soir, sur le plateau de France 2, de rester courtois et polis. Tout en tâchant de faire mouche auprès des militants.

François Fillon et Jean-François Copé s’essaient, jeudi 25 octobre, à un exercice compliqué : s’imposer comme chef de l’UMP auprès des militants appelés à choisir leur leader le 18 novembre, mais sans écraser son adversaire, ce qui pourrait donner une image de scission au sein du parti. "Nous ne devons pas oublier que nous appartenons à la même famille politique," rappelle Éric Ciotti, directeur de campagne de François Fillon.

L’UMP perdante en cas de bagarre

Les deux candidats n’étaient pas franchement partants pour cette joute médiatique. De cette rencontre, il y a en effet peu à gagner : "c’est une échéance importante, mais je ne pense pas qu’elle soit décisive," a d’ailleurs confié Jean-François Copé, en retrait dans les sondages face à l’ex-Premier ministre. Selon un récent sondage Harris Interactive, 41 % des Français ne se disent "pas du tout intéressés" par ce rendez-vous et 37 % ne le sont "pas vraiment". À l’UMP, on craint surtout d’apparaître dessoudés en cas d’accrochages verbaux. "Il faut que ce soit le plus respectueux possible de l'un et de l'autre et surtout des militants," prévient l’ancien ministre du Budget Éric Woerth, qui rappelle qu’en cas de bagarre "il ne peut y avoir qu'un seul perdant, c'est l'UMP elle-même".

Pourtant, aucun des deux candidats n’a osé refuser la tenue de l’émission proposée par France 2, et ce en dépit de la réticence affichée par certains membres de l’UMP, dont Bernard Accoyer, ancien président de l’Assemblée nationale et Guy Teissier, député des Bouches-du-Rhône. Mais pour Fillon et Copé, pas question de se défiler. On se rappellera notamment que le refus de François Hollande de prendre part à trois débats – au lieu d’un seul – face à Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle avait été interprété par l’UMP comme une preuve de lâcheté.

"Rencontre" plutôt que débat

Déjà adopté par les socialistes lors des primaires qui ont précédé les présidentielles de 2007 et de 2012, le débat télévisé avait remporté un succès largement attribué à la politesse des échanges entre les candidats. Un constat que l’opposition a pris en compte. Sur France Inter mercredi, Éric Ciotti a ainsi privilégié le terme de "rencontre", à celui de débat.

L’exercice est très étudié : choix minutieux du public, tirage au sort de l’ordre de passage, positionnement des participants sur le plateau. Jean-François Copé et François Fillon ne se feront ainsi pas face durant l’émission "Des paroles et des actes", une posture jugée trop frontale, mais se tiendront debout derrière des pupitres positionnés côte à côte. Un style à l’américaine. Les interruptions de paroles ainsi que les plans de coupe seront quant à eux bannis : pas d’image de Fillon quand Copé aura la parole, et vice versa. La casse sera enfin limitée par la courte durée des échanges directs entre les candidats - une demi-heure sur l’heure et demie que durera l’émission.

Toutefois, les différences sur le fond devraient demeurer. Jean-François Copé, positionné plus à droite, a déployé durant sa campagne un discours sur le racisme anti-blancs, tandis que François Fillon apparaît davantage dans une optique de rassemblement. Indécis, l’ancien ministre Xavier Bertrand a déclaré qu’il ferait son choix après le débat. Il en attend donc, a-t-il confié au "Figaro" jeudi, que "chacun expose clairement comment il compte faire en sorte que l'UMP renoue avec la victoire".