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Syrie, Israël, Iran, Chine et leadership américain... Pour le troisième et dernier débat, Barack Obama et Mitt Romney ont abordé les dossiers internationaux les plus chauds. Un exercice dans lequel le président s'est montré le plus offensif.
Dans cet ultime face-à-face, Barack Obama et Mitt Romney ont parlé de leadership américain, de la Syrie, d’Israël, d’Iran, d’Afghanistan et de Chine. Le président américain sortant semble avoir dominé cette dernière confrontation, qui s’est tenue sur le campus de l'université Lynn de Boca Raton, en Floride.
D'après CBS, 53 % des personnes interrogées pensent que le président démocrate s'est imposé contre 23 % pour le candidat républicain. Un sondage pour CNN donne aussi Barack Obama vainqueur par 48 % contre 40 %.
Comme c'est généralement le cas lors des débats sur la politique étrangère, le président en exercice a pris l'avantage, note Larry Sabato, analyste à l'institut politique à l'université de Virginie. "Fort de ses quatre années d’expérience, Barack Obama s’est montré plus compétent", précise-t-il. Darrell West, politologue à la Brookings Institution, un think tank basé à Washington, dresse le même constat. "Obama a donné le ton alors que Mitt Romney est resté sur la défensive”, indique-t-il.
Convergences
"La stratégie de Romney consistait à être d’accord avec Obama sur les principaux sujets, mais il a manqué beaucoup d’occasions de montrer son leadership en mettant en avant ses différences”, poursuit Darrell West. Résultat : le débat a été décevant, estime pour sa part Gauthier Rybinsky, spécialiste de politique internationale. "Aucun des candidats n’a présenté de vision globale de politique étrangère. On est resté sur des généralités. On reste sur notre faim", poursuit-il. "On a même noté des convergences manifestes entre les deux candidats. Romney a puisé dans les idées d’Obama".
Les deux candidats à la présidentielle américaine se sont engagés à défendre Israël en cas d'attaque de l'Iran, et ont mis en garde Téhéran au sujet de son programme nucléaire. "Franchement, gouverneur, on a parfois l'impression que vous pensez que vous feriez les mêmes choses que nous mais que comme vous les diriez plus fort, cela ferait une différence", a lancé Barack Obama à son rival. Il a nié, par ailleurs, tout accord avec l'Iran pour entamer des négociations bilatérales sur son programme nucléaire, comme le révélait le "New York Times" dans son édition du 21 octobre.
Pour Gauthier Rybinsky, ce débat a une fois de plus révélé le décalage de compétences entre les deux candidats en matière de politique étrangère. "D’un côté, Romney n’est pas capable d’élever le débat car il n’a pas les capacités de le faire, précise-t-il. De l’autre, Obama avait peur de se lancer dans des explications trop complexes de peur d’apparaître peu clair aux yeux des électeurs."
"Nous avons aussi moins de chevaux et de baïonnettes qu'en 1917"
La stratégie d’Obama a donc consisté à présenter son rival comme incompétent en politique étrangère, en lui reprochant d'avoir "à chaque fois" eu tort dans ce domaine. "Vous avez dit d'abord que nous ne devrions pas avoir de calendrier de retrait en Afghanistan, puis vous avez dit que nous le devrions. Maintenant vous dites peut-être, ou ça dépend, ce qui veut dire que vous n'avez pas seulement tort, vous envoyez des messages confus à nos soldats et à nos alliés", a-t-il lancé.
Le président démocrate a également accusé Mitt Romney de faire preuve d'incohérence dans ses déclarations. Rappelant que Mitt Romney a qualifié la Russie d'"ennemi géopolitique numéro un", Barack Obama l'a accusé, dès le début du débat, de vouloir "ressusciter la politique étrangère des années 1980.". "La guerre froide est finie depuis 20 ans", lui a-t-il lancé.
Mais la réplique la plus cinglante de Barack Obama à sans nul doute été sa réponse à Mitt Romney, quand ce dernier a affirmé qu'il augmenterait le nombre de navires de l'US Navy de 300 bâtiments au lieu des 285 actuels. "Gouverneur, nous avons aussi moins de chevaux et de baïonnettes qu'en 1917", s'est écrié Obama pour illustrer l'évolution des priorités militaires.
Entre football et base-ball
Pour garder le cap, le candidat républicain a axé son discours sur le redressement de l'économie américaine, un thème bien plus porteur que la diplomatie auprès des électeurs, en assurant que la sécurité des États-Unis dépendait aussi de sa puissance économique.
Reste que ce débat sur la politique étrangère n'est pas considéré comme un facteur décisif dans le choix des électeurs américains, sauf situation grave, estime Larry Sabato. Surtout que le face-à-face se tenait en même temps qu’une grande soirée de football et un match décisif en base-ball.
Les candidats reprendront dès le mardi 23 octobre leur campagne. Le président a notamment prévu de se rendre dans six États entre mardi et jeudi, de la Floride à l'Ohio en passant par le Colorado, le Nevada, la Virginie et l'Illinois où il votera en avance jeudi. Mitt Romney, lui, se rend dans le Nevada et le Colorado mardi, et l'Iowa mercredi.