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Les conseils révolutionnaires syriens reçus à Paris

Le Quai d’Orsay a rencontré, mercredi, des représentants des conseils révolutionnaires civils syriens, élus par les citoyens dans les zones sous le contrôle des rebelles. Objectif de la réunion : améliorer le soutien aux civils.

Paris a voulu faire une démonstration de soutien politique à l’opposition syrienne. Le Quai d’Orsay a accueilli, mercredi 17 octobre, une réunion de soutien aux conseils révolutionnaires civils qui administrent les zones dites "libérées" par l’opposition. L’objectif de la rencontre était d’"étudier les modalités de soutien à la population syrienne".

Autour de la table, des représentants d’une vingtaine de pays, occidentaux et arabes, mais aussi - et surtout - des membres de ces conseils révolutionnaires, notamment de la ville d’Atareb dans la province d’Alep et de celle de Maaret al-Noomane, localité stratégique sur l’axe Damas-Alep, prise par les rebelles début octobre, pour tenter de couper cette route aux forces du régime.

Lors de la réunion à Paris, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a de nouveau appelé de ses vœux la formation d’un gouvernement de transition. "Nous souhaitons que soit établi rapidement, et par une union de l’opposition, un gouvernement provisoire que nous reconnaîtrons une fois formé", a déclaré le ministre. "Mais en attendant cela, nous avons lancé un programme de soutien direct aux conseils révolutionnaires civils. Et cette approche a recueilli un très grand intérêt de la part de la communauté internationale", a-t-il ajouté.

"Aider concrètement les gens"

Car si les combats se poursuivent dans certaines parties du pays, d’autres régions sont désormais contrôlées par la rébellion. Selon le ministre français, ces zones recouvrent "la moitié du territoire syrien", disséminées dans tout le pays comme des "tâches de léopard".

Les rebelles abattent un hélicoptère du régime dans une zone clé

Un hélicoptère de combat a été abattu mercredi par les rebelles près de la ville clé de Maaret al-Noomane, que l'armée syrienne tente de reprendre aux insurgés, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Les rebelles sont parvenus à abattre un hélicoptère qui participait aux combats à Maarhtat dans la région de Maaret al-Noomane. Les débris de l'appareil ont été vus dans le village (proche) de Bssida", a indiqué l'OSDH.

"C'est la première fois qu'un hélicoptère est abattu dans cette région" de la province d'Idleb (nord-ouest), précise à l'AFP Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH.

(Source : AFP)
 

Face au désordre laissé par la guerre, les habitants de ces villes "libérées" ont donc pris les choses en main pour assurer, en premier lieu, leur sécurité, mais aussi la gestion des affaires courantes, le fonctionnement des hôpitaux et pour faire face aux pénuries de nourriture et de médicaments. Les structures qu'ils ont créées sont souvent des conseils locaux élus.

Ce sont ces conseils que la France a décidé de soutenir. Elle apporte par ailleurs, depuis plusieurs mois déjà, une aide financière et humanitaire à l’opposition syrienne. Depuis fin août, 1,5 million d’euros ont ainsi été mobilisés pour aider une quinzaine de ces conseils locaux. "La France a pris l’initiative d’aider concrètement les gens", a expliqué Laurent Fabius à FRANCE 24 à l’issue de la réunion. "Nous remettons en marche des boulangeries industrielles pour que les gens puissent manger du pain tout simplement. Nous aidons au ramassage des ordures, à la voierie mais aussi à la remise sur pied d’une police. Nous faisons cela à partir des comités élus par la population".
 

"Cette aide française a permis la remise en état de la boulangerie industrielle de Maaret al-Noomane qui approvisionne plus de 200 000 personnes, ainsi que d'une école et d'un commissariat de police", a témoigné Osman Bilawi, président du conseil révolutionnaire civil de la ville de Maaret al-Noomane.
 
Laurent Fabius veut voir, dans le bon fonctionnement des ces villes libérées, l’esquisse de la Syrie de l’après Assad, espérant que l’initiative française soit imitée par d’autres pays.
 
Si le chef de la diplomatie française s’est montré prolixe sur les actions des conseils révolutionnaires, la question d’un possible détournement de l’argent de cette aide pour acheter des armes, que Paris refuse de fournir aux révolutionnaires, n’a en revanche pas été abordée.
 
Bombes à sous-munitions

Lors de cette réunion, Laurent Fabius a dénoncé le recours par Damas aux bombes à sous-munitions (BASM), des armes particulièrement meurtrières pour les civils. "Le régime a franchi une nouvelle étape dans la violence en recourant aux [avions] MiG puis au largage de barils de TNT et plus récemment et plus terriblement encore aux bombes à sous-munitions", a ainsi observé le ministre.

Ces derniers jours, plusieurs ONG ont mis en garde contre ce nouvel emploi d’armes. Human Rights Watch (HRW) affirmait, le 14 octobre, que l'armée de l'air syrienne avait récemment largué des bombes à sous-munitions près de Maaret al-Noomane.

"L'armée syrienne ne dispose pas de ce genre d'armes", a rétorqué lundi dans un communiqué le commandement général des forces armées syriennes, affirmant que la publication de telles informations entrait dans le cadre d'"une campagne de désinformation contre la Syrie".

La Syrie fait partie des pays à n’avoir pas ratifié la Convention internationale sur les armes à sous-munitions de 2008, qui interdit la production, le stockage, le transfert et l'utilisation de cette catégorie d'armes.