Prise en charge jusqu'à dimanche par un hôpital militaire non loin de la capitale pakistanaise, l'activiste anti-taliban de 14 ans, Malala Yousafzai, blessée au cerveau, a été transférée en Grande-Bretagne. Son état de santé s'améliore.
Transférée en Grande-Bretagne pour y être soignée, Malala Yousafzai est arrivée à l'aéroport de Birmingham, lundi 15 octobre dans l'après-midi. Son évacuation a été décidée par les médecins ayant pris en charge cette adolescente pakistanaise grièvement blessée par les Taliban, mardi 9 octobre, en raison de son combat pour l'éducation des filles.
Son état de santé montrait des "progrès réguliers et satisfaisants" dimanche, selon les médecins du principal hôpital militaire du Pakistan, celui de Rawalpindi, près d'Islamabad, où la jeune fille, blessée au cerveau, était soignée jusqu’à dimanche. Les médecins ont arrêté la respiration artificielle pour un bref essai qui a été "réussi", mais ils ont ensuite rebranché le système "pour éviter de la fatigue à la patiente", rapporte l’AFP.
Deux cents personnes interpellées
L’adolescente a été victime d’une attaque à la sortie de son école de Mingora, la principale ville de la région de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, le 9 octobre. La jeune fille montait dans le bus scolaire lorsque deux hommes ont ouvert le feu sur elle. Des combattants armés du Mouvement des Taliban du Pakistan (TTP), allié au réseau Al-Qaïda, ont revendiqué l’attentat et précisé avoir pris pour cible Malala parce qu'elle défendait des valeurs occidentales.
Ehsanullah Ehsan, le porte-parole du TTP a même prévenu la BBC que si Malala Yousafzai survivait, elle ne serait "pas épargnée". Le gouvernement de la province a annoncé qu'il offrait une récompense de 10 millions de roupies (104 000 dollars) pour toute information pouvant mener à la capture des assaillants de Malala Yousafzai. Ahmad Shah, chef de la police à Mingora, dans la vallée de Swat où a eu lieu l'attentat, a indiqué que près de 200 personnes avaient été interpellées, mais que la plupart avaient été remises en liberté.
Donner des stylos, pas des armes
Malala Yousafzai s'est fait connaître du public en 2009, grâce à son blog "Le Journal d'une écolière pakistanaise", hébergé sur le site en langue ourdou de la chaîne britannique BBC. Sous le pseudonyme de Gul Makai, elle racontait son quotidien dans la vallée de Swat, tombée alors entre les mains des Taliban. Tout comme son père Ziauddin, militant anti-Taliban qui préside une association de cinq cents écoles privées dans la vallée, Malala avait fait de l'éducation pour les filles son combat. En 2011, elle a reçu le premier prix national pour la paix créé par le gouvernement pakistanais. L'adolescente avait également fait partie des nominés pour le prix international des enfants pour la paix, attribué par la fondation néerlandaise Kids Rights.
"Les habitants de la vallée de Swat ne sont pas des terroristes", avait déclaré Malala Yousafzai à la chaîne Al-Jazira, en 2010, alors que les Taliban s'étaient retirés de la région. "Si on ne donne pas de stylos à cette jeune génération, les terroristes leur donneront des armes".
L'an dernier, deux autres militants pour l'éducation des femmes ont été tués par des activistes pakistanais, d'après Amnesty International.
Les condamnations de l'attentat ont été nombreuses au Pakistan. L'écolière a reçu vendredi la visite du Premier ministre pakistanais Raja Pervez Ashraf. Dimanche, des milliers de personnes se sont rassemblées à Karachi, la principale ville du Sud, pour soutenir la jeune fille. Des prières ont été dites à son intention dans les écoles et dans les mosquées à travers le pays.
(FRANCE 24 avec dépêches)