
Tremblement de terre sur la Bourse d'Athènes : la filiale grecque de Coca-Cola, qui représente 20 % de la valeur de la place financière grecque, va déménager son siège social et être cotée au London Stock Exchange.
“Nous avons été le diamant de la Bourse d’Athènes.” Clairement, pour Dimitris Lois, directeur des opérations de Coca-Cola Grèce et auteur de cette déclaration au quotidien britannique Financial Times, les diamants ne sont pas éternels... du moins dans ce pays ravagé par la crise économique. Le symbole par excellence du capitalisme "made in USA" a décidé, jeudi 12 octobre, de déménager le siège social d’Athènes en Suisse.
Un changement d'air qui s'accompagnera, au plus tôt au début de 2013, d'un retrait de la Bourse d'Athènes et d'une cotation à Londres. Un coup dur pour la place financière grecque. Du haut de ses 5,7 milliards d’euros de capitalisation boursière, Coca-Cola Grèce représente, en effet, 20 % de la valeur totale de cette place financière. “C’est une très mauvaise nouvelle et envoie un signal négatif très fort à tout le marché”, a reconnu George Zois, responsable des opérations en Grèce de la société britannique d’analyse financière Exotix, dans le Financial Times.
Le géant américain des boissons gazeuses a expliqué cette manœuvre par le désir de s’installer sous des cieux économiquement plus cléments. “La Suisse a été choisie à cause de son environnement économique stable et de la facilité d’y faire des affaires”, a confirmé, jeudi, Coca-Cola Grèce dans un communiqué publié sur son site internet. “En Grèce, personne ne sait de quoi demain sera fait tant que le gouvernement cherchera de nouveaux moyens de faire rentrer de l’argent”, regrette un courtier grec sous couvert d’anonymat.
Pas d’impact sur l’emploi
Coca-Cola justifie également sa décision par sa volonté de mieux refléter l’importance internationale de sa filiale grecque. Elle s’occupe, en effet, de l’embouteillage et de la commercialisation des sodas de la marque dans 28 pays, aussi bien européens qu’africains, dont l’Allemagne, le Nigeria ou encore la Russie. 95 % de ses activités se situent, selon Coca-Cola, hors de Grèce. Outre un gain de prestige, une cotation au London Stock Exchange permettrait d’avoir “un accès plus facile à des liquidités pour se développer”, affirme le groupe.
La relocalisation en Suisse du siège de cette filiale européenne est réalisée grâce à un tour de passe-passe boursier. Coca-Cola a créé, le 19 septembre dernier, une société par action dont l’unique but est de devenir la holding qui chapeautera les activités en Grèce de la marque. Cette entité va purement et simplement récupérer 75 % des titres de Coca-Cola Grèce en effectuant un échange d’actions. L’unique actionnaire de cette structure suisse - la holding Kar-Tess - détient, en outre, également 23,5 % des titres de Coca-Cola Grèce.
Le géant américain a aussi tenu à rassurer le gouvernement grec sur l’éventuel impact social de son opération... ou plus précisement son absence de répercussion en terme d’emploi. “Il n’y aura aucun effet sur les salariés grecs [du groupe]”, assure Coca-Cola, qui emploie 41 000 personnes en Grèce.
Une semaine auparavant, le spécialiste de la bouteille qui fait pschitt, FAGE, l’un des principaux fabricants de produits laitiers en Grèce, avait également annoncé qu’il déménageait son QG au Luxembourg.