
Cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah a accepté la démission du gouvernement. Conformément à la Constitution, l'émir du Koweït peut également dissoudre le Parlement et appeler à des élections anticipées dans les 60 jours.
AFP - L'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, a accepté la démission du gouvernement, a annoncé lundi soir la télévision publique du riche émirat arabe du Golfe.
"L'émir a accepté la démission du gouvernement et lui a demandé d'expédier les affaires courantes", a annoncé la télévision.
Tout au long de la journée, plusieurs députés avaient indiqué que la démission du gouvernement était imminente, cinq élus islamistes ayant demandé à interroger le Premier ministre, cheikh Nasser Mohammad al-Ahmad Al-Sabah, un neveu de l'émir, sur sa gestion des affaires publiques.
Conformément à la Constitution, l'émir peut, en cas de démission du gouvernement, dissoudre le Parlement et appeler à des élections anticipées dans les 60 jours qui suivent.
Il a également la possibilité de suspendre la Constitution.
La démission du gouvernement est l'aboutissement d'une profonde crise politique.
Les cinq députés islamistes accusent le Premier ministre de mauvaise gestion, de violation de la Constitution et de manque de prudence dans la politique économique, outre des détournements de fonds publics.
Un de ces élus, Mohammad Hayef, accuse le Premier ministre d'avoir ordonné la démolition de deux mosquées construites illégalement sur le domaine public.
Il avait demandé à cheikh Nasser de déférer devant la justice le chef de l'administration ayant ordonné ces destructions mais que le Premier ministre a refusé cette demande, même s'il a suspendu les démolitions.
Cheikh Nasser est constamment soumis à des pressions politiques depuis qu'il a été nommé Premier ministre en février 2006, ce qui l'a amené à démissionner quatre fois et à procéder à deux remaniements ministériels.
Le dernier gouvernement a été nommé en janvier.
L'émirat a une longue histoire de crises politiques en raison des rapports souvent difficiles entre l'éxecutif et le législatif. La dernière dissolution du Parlement, qui remonte à mars 2008, avait été provoquée par un différend avivé par les tensions entre sunnites et chiites, ces derniers représentant un tiers des Koweïtiens.
La Constitution du Koweït, la première dans une monarchie arabe du Golfe, avait été suspendue à deux reprises pour cinq ans en 1976 et six ans en 1986, périodes pendant lesquelles le Parlement a été dissout.
La famille des Al-Sabah est au pouvoir depuis la création de ce riche émirat pétrolier il y a quelque 250 ans.
L'émir, le prince héritier et le Premier ministre sont toujours des descendants des Al-Sabah, qui contrôlent aussi les principaux ministères comme ceux de la Défense, de l'Intérieur, du Pétrole et des Affaires étrangères.
Les marchandages politiques sont considérés comme l'une des raisons qui empêchent le pays de lancer de grands projets et de moderniser son économie malgré d'énormes revenus pétroliers.
En décembre, le Koweït avait, sous la pression des députés, annulé un méga-contrat de partenariat de 7,5 milliards de dollars avec la firme américaine Dow Chemical, invoquant son coût élevé.
L'émirat dispose de quelque 300 milliards de dollars de surplus investis essentiellement aux Etats-Unis et en Europe.
Il détient 10% des réserves pétrolières de la planète et produit 2,4 millions de barils par jour. Le Koweït a une population autochtone d'un peu plus d'un million personnes et accueille 2,35 millions de résidents étrangers.