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Ces patrons américains qui pilonnent Obama sur le terrain de l'emploi

Deux grands patrons américains ont attaqué le président sortant sur la priorité numéro un des électeurs : l’emploi. L'un menace de devoir licencier si Barack Obama est réélu, l'autre l'accuse de falsifier les chiffres du chômage. Ambiance.

Barack Obama attaqué sur le terrain de l’emploi. À quelques semaines de l’élection présidentielle aux États-Unis et alors que le candidat républicain, Mitt Romney, jouit d’un regain de popularité, deux figures du capitalisme américain exhortent les électeurs à s’opposer à la reconduction du président sortant à la Maison Blanche.

Ces sommations ne viennent pas de quelques obscurs patrons de PME. L’un, Jack Welch, fut, entre 1981 et 2001, le patron du groupe General Electric, l'équivalent américain d'EDF. L’autre, David Siegel, est un multimillionnaire à la tête d’un empire de résidences de luxe baptisé Westgate Resorts.

Tous deux ne cachent pas leur sympathie pour les républicains mais assurent ne pas agir par soutien à Mitt Romney. N’empêche que l'un attaque le bilan de Barack Obama et l'autre son programme de second mandat. Récapitulatif de leurs arguments.

David Siegel menace ses employés. L’excentrique multimillionnaire, futur propriétaire de “Queen Versailles”, la plus grande demeure aux États-Unis (8 361 m2), a envoyé un courriel alarmiste, mardi 9 octobre, à ses 7 000 employés. “Si, comme le prévoit l’actuel président, de nouvelles taxes me sont imposées, je n’aurais d’autre choix que de réduire la voilure, c’est-à-dire de licencier”, prévient-il dans son long message qui rappelle tous les sacrifices auxquels il a dû consentir en 42 ans pour devenir un “super-riche”.

Le patron de Westgate Resorts assure ne pas vouloir influencer le choix de ses salariés mais se fait fort de prévenir que la perte éventuelle de leur emploi ne serait pas due aux Américains les plus riches, le "1 %", mais à une politique de Barack Obama "dévastatrice pour l’entrepreneuriat”.

Ce courriel, que David Siegel a confirmé avoir envoyé, est une variation, à quelques détails près, d'une lettre qui circulait lors de la campagne présidentielle de 2008 et qui affirmait déjà que le programme de Barack Obama allait détruire des emplois. Personne ne sait qui était l'auteur de cette première missive simplement signée "Your Boss" ("votre patron").

Jack Welch accuse le gouvernement de mentir. Les chiffres de l’emploi aux États-Unis, publiés le 5 octobre, étaient bien meilleurs que prévu puisque le taux

de chômage est tombé sous la barre des 8 % pour la première fois depuis 2009. Tellement bons que Jack Welch, un millionnaire et républicain convaincu, n’y croit pas. “Ces chiffres sont incroyables. Ces gens de Chicago [ville où Barack Obama a effectué la plus grande partie de sa carrière politique, NDLR] sont prêts à tout... Ils ne savent pas débattre donc ils changent les chiffres”, a-t-il lancé le jour même sur Twitter déclenchant un mini-tsunami médiatique aux États-Unis.

“Théorie du complot ridicule”, selon la chaîne d'informations écionomiques Bloomberg, tandis que le site Internet de la revue spécialisée dans la diplomatie américaine "Foreign Policy" demande des excuses publiques à Jack Welch.

Il n'en fit rien. Dans une longue contribution parue le 9 octobre dans le "Wall Street Journal", l'ancien patron de General Electric récidive même en affirmant qu’il “avait raison sur les étranges chiffres de l’emploi”. “Le Bureau des statistiques indique qu’en septembre 873 000 personnes ont déclaré avoir trouvé un travail. Du jamais vu depuis la forte période de croissance de 1983. Il y a tout de même de quoi froncer les sourcils !”, écrit-il.

Unbelievable jobs numbers..these Chicago guys will do anything..can't debate so change numbers

— Jack Welch (@jack_welch) Octobre 5, 2012

Si ceux qui critiquent Jack Welch soulignent que ces bons chiffres sont aussi dus à un nombre croissant de personnes qui ne cherchent plus de travail et sortent donc des statistiques, ils reconnaissent les limites des données mensuelles sur le chômage aux États-Unis. L’enquête qui permet de les établir consiste, en effet, à n’interroger que 60 000 personnes. Une “bagatelle qui peut en effet donner lieu à des approximations”, reconnaît Bloomberg. Mais ce défaut n’est pas propre aux derniers recensements des chômeurs et cette méthode est appliquée depuis plus de 40 ans aux États-Unis.