Victime d'une tentative d'assassinat menée par des Taliban à la sortie de son école, la jeune blogueuse de 14 ans, qui a été opérée mardi à Peshawar, est toujours dans un état critique. Barack Obama a proposé l'aide des États-Unis.
Elle continue à se battre pour survivre. Malala Yousafzai, victime, mardi 9 octobre, d’une tentative d’assassinat revendiquée par les Taliban, a été opérée pendant 3 heures, mardi soir, dans un hôpital de Peshawar, au Pakistan.
Bien qu’une balle ait été retirée de son épaule, la jeune militante du droit des femmes est toujours dans un "état critique". Le cerveau de Malala Yousafzai a subi de nombreux dégâts, selon le rapport médical consulté par le site d'informations "PakTribune". Elle est, ce jeudi, toujours inconsciente.
"La balle a endommagé certaines parties de son cerveau. Elle a tout de même 70 % de chance de survie", estime le Dr. Mumtaz Khan, de l'hôpital de Peshawar où elle était traitée, cité par l'AFP. "Nous tentons de la protéger d'éventuelles complications car, dans son état, une légère pneumonie ou une infection peuvent lui être fatales", a-t-il précisé.
Malgré une amélioration, les médecins devaient la transférer, ce jeudi, dans un hôpital militaire, mieux équipé, près d'Islamabad. Un responsable militaire a confirmé le transfèrement à l'Institut de cardiologie des forces armées à Rawalpindi. "Elle a subi une chirurgie, mais elle a encore besoin de soins post-opératoires. Les docteurs ont donc recommandé cet institut qui compte de meilleures installations pour ce type de soins", a dit un porte-parole militaire, Asim Saleem Bajwa.
L'option de l'étranger écartée
Des médecins locaux avaient indiqué dans un premier temps qu'elle était "hors de danger", mais ceux d'un hôpital de Peshawar, grande ville du nord-ouest du Pakistan où elle avait été transportée, ont par la suite jugé son état "critique".
Il avait notamment été question de l'emmener à l'étranger pour une nouvelle opération. Un avion avait été affrété pour transporter au besoin la jeune fille hors des frontières du pays. Rehman Malik, le ministre pakistanais de l’Intérieur, avait même pris contact avec la famille de Malala pour s’assurer que leurs passeports étaient en cours de validité, selon le quotidien britannique "The Guardian".
Barack Obama propose son aide
Le président des États-Unis, Barack Obama, qui a qualifié de "barbare" et de "lâche" l’attaque des Taliban, a proposé une assistance médicale. "Les États-Unis ont offert toute l'assistance nécessaire à Malala, et dans le cadre de cette offre, l'armée américaine est d'accord pour fournir une évacuation aérienne et des soins dans des endroits adaptés à son état de santé si nécessaire", a ajouté un porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.
L'assaut a eu lieu mardi, à la sortie de son école de Mingora, la principale ville de la région de Swat, au nord-ouest du Pakistan. La jeune fille montait dans le bus scolaire lorsque deux hommes ont ouvert le feu sur elle. L’une des deux camarades blessées durant l’attentat est elle aussi toujours dans un état grave. L’autre est hors de danger.
itLes Taliban promettent de la tuer
Malala Yousafzai s'est fait connaître du public en 2009, grâce à son blog "Le Journal d'une écolière pakistanaise", hébergé sur le site en langue ourdou de la chaîne britannique BBC. Sous le pseudonyme de Gul Makai, elle racontait son quotidien dans la vallée de Swat, tombée brièvement entre les mains des Taliban.
Ehsanullah Ehsan, le porte-parole du Mouvement des Taliban du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle du pays qui a revendiqué l’attentat contre la jeune fille, jugée trop "pro-occidentale", a d’ores et déjà prévenu la BBC que si Malala Yousafzai survivait, elle ne serait "pas épargnée".
L’émotion était toujours aussi vive mercredi au Pakistan. Les députés pakistanais ont suspendu leurs travaux pour condamner cette attaque et prié pour le rétablissement de l'adolescente, qualifiée de "modèle pour l'ensemble du pays" par la ministre des Affaires étrangères, Hina Rabbani Khar.
Des "actes haineux de terrorisme commis par des lâches"
Le chef de l'armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani, s'est rendu au chevet de l'adolescente et a condamné des "actes haineux de terrorisme commis par des lâches". "Ces gens n'ont même pas de respect pour la parole d'or du Prophète qui a dit : 'celui qui n'est pas bon envers les enfants, n'est pas l'un des nôtres', a-t-il déclaré à propos des Taliban pakistanais. Il est temps de nous unir davantage et de nous lever pour combattre ceux qui propagent cet état d'esprit barbare et leurs sympathisants."
Les écoles ont gardé portes closes pour protester contre la fusillade et une petite manifestation s'est déroulée dans la localité d'origine de la jeune fille, Mingora. Le gouvernement de la province a d'ailleurs annoncé qu'il offrait une récompense de 10 millions de roupies (104 000 dollars) pour toute information pouvant mener à la capture des assaillants de Malala Yousafzai.