logo

Cellule terroriste : découverte de matériel explosif en banlieue parisienne

Le procureur de Paris a annoncé une prolongation exceptionnelle de la garde à vue des 12 suspects interpellés samedi à la suite du démantèlement d'une cellule terroriste. Une nouvelle perquisition a eu lieu en banlieue parisienne la nuit dernière.

À l’issue des perquisitions de la nuit de mardi à mercredi dans le quartier du Mail, à Torcy, en banlieue parisienne, la police anti-terroriste a trouvé dans un box de parking "tous les éléments utiles à la fabrication d'engins explosifs", a indiqué le procureur de Paris, François Mollins, mercredi matin 10 octobre, lors d’un bref point presse. Cette opération se déroulait dans le cadre de l'enquête sur la cellule islamiste démantelée ce week-end.

Arrivés sur place mardi en fin de journée, les enquêteurs de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et de la sous-direction antiterroriste (SDAT) ont perquisitionné des box de parkings sous un immeuble de quatre étages où l’un des suspects a été interpellé samedi. Ils s’y trouvaient encore mercredi matin.

Au moins six policiers et deux véhicules étaient postés devant les entrées du parking, trois autres policiers en civil et un véhicule banalisé étant également visibles à l'intérieur, selon l’AFP. Plus d'une trentaine de policiers, dont une partie en civil, cagoulés et armés, étaient visibles mardi soir dans le secteur, avant qu'une dizaine de véhicules banalisés ne sortent du parking vers 23h.

Prolongation des gardes à vue

À la suite de la découverte de ce matériel explosif, les gardes à vue des 12 personnes interpellées, qui durent normalement jusqu'à 96 heures dans le cadre d’enquête terroriste, ont été "exceptionnellement" prolongées de 24 heures, a précisé François Mollins. Il a ajouté que la cellule islamiste démantelée est d'une "extrême dangerosité".

"Huit garde à vue ont fait, et quatre devraient faire d'ici la fin de la matinée, l'objet d'une prolongation exceptionnelle de 24 heures", a déclaré François Mollins.

Les suspects sont donc toujours interrogés par la police à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Ils seront ensuite déférés devant la justice, à Paris. Le parquet devrait ouvrir une information judiciaire pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", un délit passible de dix ans de prison.

Il devrait le faire aussi pour l’attaque à la grenade contre une épicerie juive de Sarcelles (Val-d’Oise), le 19 septembre, point de départ de toute l’enquête, qui recevra une qualification criminelle, punie plus sévèrement.

Autres arrestations ?

Il est possible que de nouvelles arrestations suivent. Il n’est "pas établi" que les auteurs de l’attaque de l’épicerie casher aient été interpellés, a indiqué le procureur mercredi matin.

Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait déjà laissé entendre, mardi, que le démantèlement de ce groupe n’était pas terminé.

"Nous continuerons sans faiblesse à combattre les groupes terroristes, qu’ils viennent de l’extérieur ou qu’ils soient initiés de l’intérieur, ainsi que les individus radicalisés qui menacent non seulement notre sécurité, mais également les valeurs les plus fondamentales de notre pays", a dit le chef du gouvernement mardi à l’Assemblée nationale.

Évoquant un "terrorisme intérieur", Manuel Valls a estimé qu'il y avait, en France, "plusieurs dizaines, plusieurs centaines d'individus capables de s'organiser" comme le groupe de Cannes.

Le groupe est composé, en l’état du dossier, exclusivement de jeunes Français d’une vingtaine d’années avec, pour certains, un casier judiciaire.

Testaments

C'est peut-être à Torcy qu’ils se sont rencontrés. Deux des 12 personnes interpellées y ont été arrêtées samedi. Le quartier se trouve à 30 minutes à peine de l’épicerie casher de Sarcelles. Des voisins ont décrit les deux hommes comme serviables, musulmans pratiquants investis dans la vie du quartier, qui s'étaient refermés sur eux-mêmes récemment. Le premier avait été surpris par la police samedi matin, portant une arme chargée en revenant de la salle de prière, et le second dans la soirée, toujours dans le Mail.

Le leader présumé du groupe, Jérémie Louis-Sidney, 33 ans, tué par la police lors de son interpellation samedi à Strasbourg, aurait lui-même été vu au Mail par des habitants "il y a encore deux ou trois semaines".

Cette période coïncide avec l'attaque de Sarcelles, à laquelle Louis-Sidney a sans doute pris part car ses empreintes digitales ont été retrouvées sur la cuillère de la grenade lancée en direction de l'épicerie casher.

Natif de Seine-et-Marne, il vivait discrètement dans un quartier paisible de Strasbourg, chez l'une de ses épouses religieuses. Il se rendait régulièrement à Cannes, centre névralgique du groupe a priori, où trois hommes avaient été arrêtés. Condamné à Grasse en 2008 dans une affaire de stupéfiants, l’homme est décrit par la justice comme "très déterminé" et voulant "finir en martyr".

Lors de perquisitions effectuées samedi, outre des armes, de la documentation et plus de 27 000 euros en espèces, les enquêteurs ont découvert cinq testaments laissant penser à un prochain passage à l’acte. Ils ont également mis la main sur une liste avec des noms d'associations ou d'institutions juives. Mais, pour savoir si cette cellule préparait d'autres attentats, il va falloir attendre "les investigations à venir", selon le parquet de Paris.

(FRANCE24 avec dépêches)