![Romney espère remonter la pente lors du premier débat face à Obama Romney espère remonter la pente lors du premier débat face à Obama](/data/posts/2022/07/17/1658070616_Romney-espere-remonter-la-pente-lors-du-premier-debat-face-a-Obama.jpg)
La course à la Maison Blanche entre dans sa phase finale avec la tenue, cette nuit, du premier débat de la présidentielle. Face à un Barack Obama en avance dans les sondages, Mitt Romney doit réussir sa prestation pour inverser la tendance.
Dernière ligne droite pour l’élection présidentielle américaine. Le président sortant, Barack Obama, et son adversaire républicain, Mitt Romney, s’affronteront, dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 octobre*, lors d’un débat très attendu, le premier d’une série de trois.
Alors que les sondages créditent Barack Obama d'une avance sur le plan national et dans les "Swing States", les États indécis, le face-à-face télévisé s'annonce primordial pour Mitt Romney. Newt Gingrinch, son ancien rival à la primaire républicaine, n’a d’ailleurs pas hésité à qualifier le débat - qui se déroulera à Denver, dans le Colorado, et portera sur les thèmes de politique intérieure - d’"évènement le plus important de la carrière politique de Mitt Romney".
Le candidat républicain a manqué les deux précédentes opportunités qui s’offraient à lui pour reprendre l’avantage dans les sondages. Le choix de Paul Ryan comme colistier et la convention républicaine de Tampa, en Floride, n’ont pas eu les effets escomptés. Ses conseillers, de plus en plus paniqués à l’idée que Barack Obama soit réélu dans un fauteuil, croisent les doigts pour que le premier débat de Mitt Romney change la donne avant le 6 novembre, date du scrutin.
"Les débats sont plus importants pour Mitt Romney, pas seulement parce qu’il est en retard dans les sondages mais aussi parce qu’il est le challenger et qu’il est moins connu que le président, analyse John Fortier, politologue au sein du think tank de droite Bipartisan Policy Centre. Ce face-à-face est une opportunité de montrer aux Américains qui il est et comment il se mesure au président Obama."
Deux débatteurs chevronnés
Pour la plupart des observateurs, les talents d’orateur des deux hommes politiques se valent. Bien qu’il soit largement perçu comme un piètre candidat de terrain, Romney a tiré son épingle du jeu lors des 20 débats de la primaire républicaine. Après l’éprouvante bataille de la primaire de 2008 contre Hillary Clinton, et celle de la présidentielle contre John McCain, Barack Obama est également considéré comme un débatteur chevronné.
Il s’agira du premier duel entre le président sortant et son challenger lors d’un débat public contradictoire. En apparaissant au même niveau que Barack Obama, Mitt Romney pourrait acquérir une autre stature. "Romney va gagner des points par le seul fait d’apparaître sur la même scène que le président mais aussi en répondant aux questions", souligne Darrell West, politologue à la Brookings Institution.
Tous les analystes soulignent cependant qu’un seul débat ne bouleversera pas le cours des choses. "Dans une élection marquée par une forte bipolarité où les électeurs ont presque tous arrêté leur choix, il faudrait qu’il y ait une erreur fatale ou une piètre performance pour que le débat face la différence", ajoute Darrell West.
Par le passé, les premiers duels entre prétendants à la présidence ont souvent pu relancer la dynamique de l’élection. En 2000, les soupirs et l’impatience du démocrate Al Gore contrastant avec la courtoisie du républicain George W. Bush ont été perçus comme un sérieux préjudice lors du débat. En 2008, le calme de Barack Obama et ses réponses calibrées ont prouvé qu’un sénateur relativement inexpérimenté pouvait avoir une posture présidentielle.
"Beaucoup de pédagogie"
Depuis plusieurs jours, Obama et Romney révisent leurs classiques. Ils étudient les statistiques, peaufinent chaque détail de leur programme et s’exercent à débattre avec des doublures (Barack Obama a demandé à John Kerry, candidat malheureux à la présidentielle de 2004, d’incarner Mitt Romney).
Romney devrait ainsi mettre Barack Obama sur le gril au sujet de l’économie, notamment en montrant que, contrairement à ce que ce dernier prétend, les chiffres ne s’arrangent pas et que chômage reste élevé. "Il doit rappeler que le président est en poste depuis quatre ans et que l’économie ne se redresse pas", indique John Fortier.
Reste qu’avec une faible reprise et des sondages qui montrent l’échec du candidat républicain à transformer le scrutin en référendum sur la gestion économique de Barack Obama, Romney ne peut se contenter de pointer les problèmes du doigt. Obama et le modérateur du débat, Jim Lehrer, vont contraindre Mitt Romney à apporter des solutions concrètes et précises. "Il doit prouver aux Américains qu’il peut gérer nos problèmes économiques", insiste John Fortier.
"Romney doit faire de la pédagogie sur sa politique fiscale et s’expliquer sur sa remarque portant sur les 47% d’Américains [dans une vidéo qui a circulé sur Internet, on voyait Romney expliquer à ses donateurs que s’occuper de "47% d’assistés", ceux qui ne payent pas d’impôts, n’était pas une priorité]", insiste Darrell West.
"Arrogant et condescendant", "trop rigide et hautain"
Lors de ce duel, les deux candidats devront maîtriser leurs défauts. Obama devra prendre garde à ne pas se montrer "arrogant ou condescendant", rappelle John Fortier. Obama devra notamment éviter les remarques désobligeantes comme celle infligée à Hillary Clinton lors d’un débat en 2008 (elle avait affirmé qu’il était sympathique, ce à quoi il avait répondu : "vous êtes assez sympathique".).
Pour sa part, Romney doit éviter d’apparaître "trop rigide ou hautain", explique John Fortier. Le candidat pourrait également se fendre de quelques "petites phrases" que les journalistes pourront reprendre en une le lendemain. Un exercice d’autant plus difficile que Mitt Romney ne doit pas attaquer trop frontalement un président encore très populaire mais surtout éviter de faire des gaffes.
Chaque camp a affiché des attentes modestes afin de pouvoir revendiquer la victoire en cas de performance médiocre. Chacun a d’ailleurs échangé des amabilités sur l’adversaire. L’équipe de Mitt Romney a présenté le président sortant comme "l’un des meilleurs communicants politiques de l’histoire contemporaine". L'équipe de campagne de Barack Obama a qualifié Romney de "débatteur très préparé, discipliné et agressif". Le président s’est lui-même récemment prêté au jeu. "Le gouverneur Romney est un bon débatteur", a-t-il reconnu devant ses supporters à Las Vegas. Et d'ajouter : "Moi, je suis juste correct".
*Retrouvez dès 3 heures (heure de Paris) l'intégralité du débat en direct sur le canal anglais de France 24.