Le président palestinien et le Premier ministre israélien se sont succédé à l'Assemblée générale de l'ONU, l'un pour réclamer un meilleur statut international pour la Palestine, l'autre pour dénoncer les ambitions nucléaires iraniennes.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a demandé jeudi 27 septembre devant l'ONU l'établissement d'une "ligne rouge claire" pour empêcher l'Iran de se doter d'une arme atomique, assurant, schéma à l’appui, que Téhéran serait bientôt en mesure d'en fabriquer une.
Illustrant son propos avec une pancarte représentant schématiquement une bombe,
le Premier ministre israélien a insisté pour arrêter l'Iran, qui en est, selon lui, actuellement à 70 % d'atteindre le seuil de 90 % d'enrichissement de son uranium. Pour appuyer sa demande, il est allé jusqu'à tracer une ligne rouge au feutre sur le dessin.
it
Selon Benjamin Netanyahou, d'ici l'été prochain au plus tard, l'Iran sera sur le point d'avoir suffisamment d'uranium enrichi pour fabriquer une bombe nucléaire. "Au printemps prochain, au maximum l'été prochain au rythme où ils poursuivent actuellement l'enrichissement [...], ils pourront passer à l'étape finale", a-t-il ainsi assuré. Avant d'ajouter : "Ils n'ont besoin que de quelques mois, peut-être quelques semaines, avant d'avoir suffisamment d'uranium enrichi pour la première bombe".
Alors que le dossier du
nucléaire iranien a fait naître
des désaccords sur la marche à suivre entre Israël et les États-Unis, le chef du gouvernement israélien a une nouvelle fois minimisé les divergences avec son allié américain. Mardi 24 septembre, Barack Obama avait affirmé devant l'ONU que "les États-Unis feraient ce qu'ils doivent faire pour empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire". Mais le président américain, en pleine campagne électorale, privilégie la diplomatie et les sanctions et refuse de fixer clairement à Téhéran "des lignes blanches" à ne pas franchir dans son programme nucléaire sous peine de s'exposer à une action militaire.
Les Occidentaux et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir mettre au point une bombe atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément. Jeudi 27 septembre après-midi, les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne se sont concertés sur les moyens de faire pression sur l'Iran.
Abbas revoit ses ambitions à la baisse
S'exprimant Benjamin Netanyahou à la tribune de l'ONU,
le président palestinien Mahmoud Abbas a lancé une campagne pour que la Palestine obtienne le statut d'Etat non membre des Nations unies avant septembre 2013. "Nous sommes confiants que la grande majorité des pays du monde soutient notre initiative qui vise à sauver les chances d'une paix juste", a-t-il affirmé.
it
Pour être adoptée, la résolution doit être votée par plus de la moitié des 194 États membres à l'Assemblée générale, où elle est assurée d'une large majorité.
Un an après le dépôt historique de la demande d'adhésion d'un État de Palestine, qui avait constitué le moment fort de l'Assemblée en 2011, l'objectif de Mahmoud Abbas a été cette année revu à la baisse, faute de la majorité de neuf voix nécessaires au Conseil de sécurité pour faire de la Palestine un État membre de l'ONU à part entière.
Le président palestinien a également sévèrement critiqué la politique de colonisation israélienne dans les territoires palestiniens, qualifiée de "catastrophique" et "raciste".
"Cette fois-ci Mahmoud Abbas est revenu de manière plus modeste, commente Emmanuel Saint-Martin, le correspondant de FRANCE 24 à New York. Lui qui est toujours très applaudi ici a suscité moins d’enthousiasme. Il y a en effet un peu de lassitude de la part de certains diplomates qui considèrent qu’il y a eu des erreurs dans la stratégie palestinienne."
En un an, Mahmoud Abbas a vu se volatiliser le soutien de la communauté internationale concernant l'établissement d'institutions, ou encore la réconciliation avec le Hamas rival. Ce dernier, au pouvoir à Gaza, a d’ailleurs critiqué la "démarche unilatérale" du président palestinien Mahmoud Abbas à l'ONU, dont le discours, selon le mouvement islamiste, proclame l'échec du processus de paix avec Israël lancé par les accords d'Oslo de 1993.
Selon le quotidien israélien "Haaretz ", Mahmoud Abbas aurait promis à Washington de ne pas faire voter la résolution avant la présidentielle américaine du 6 novembre, "une manière évidente de ne pas braquer un peu plus l’administration de Barack Obama", explique Emmanuel Saint-Martin.