Les douze pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), réunis en Autriche, ont décidé de ne pas réduire la production de brut du cartel en raison de la crise économique. Washington a salué cette décision.
AFP - Les ministres de l'Opep ont décidé dimanche de maintenir à l'identique la production de brut du cartel et de se retrouver fin mai à Vienne pour pouvoir respecter entièrement les précédentes baisses de production et laisser aux dirigeants du G20 le temps de combattre la crise économique mondiale.
"Avant de baisser encore l'offre, il faut que nous respections nos engagements. Nous nous sommes mis d'accord pour que tous les membres retirent 800.000 barils qui restent sur le marché", a expliqué le ministre du Pétrole du Qatar, Abdallah al-Attiyah.
Depuis septembre, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé de retirer du marché un total de 4,2 millions de barils par jour (mbj) pour enrayer l'effondrement des cours du brut, qui ont sombré jusqu'à 32,40 dollars le baril après un pic de 147,5 dollars le 11 juillet 2008 et se situent aujourd'hui à 44/45 dollars, alors que l'Opep vise un prix de 75 dollars.
"Cela n'a pas de sens de décider d'une autre baisse si l'on n'a pas respecté la précédente", a résumé Rafael Ramirez, ministre vénézuélien du Pétrole.
"Nous avons à faire un effort énorme dans un laps de temps très court", a relevé son homologue algérien Chakib Khelil.
Bien que très inquiète de l'impact de la crise économique sur la demande pétrolière, l'Opep a donc voulu se donner le temps de voir ses précédentes décisions porter tous leurs fruits.
Le fait que les stocks de brut ont semblé entamer un déclin "indique que le processus d'ajustement mis en place par des mesures contre l'excédent de production sur le marché aide graduellement à revenir à l'équilibre", a observé le cartel dans le communiqué final de sa réunion à Vienne.
"Cette décision montre que l'Opep semble confiante dans le fait que les décisions prises vont aider, sinon à améliorer, du moins à stabiliser les prix", a commenté Raad Alkadiri, analyste de PFC Energy.
Le statu quo de production a été assorti de l'annonce d'une réunion extraordinaire le 28 mai à Vienne, siège du cartel. Ce délai devrait aussi donner un répit à l'économie mondiale et permettre de voir si les remèdes contre la crise, qui auront été adoptés par les responsables politiques et économiques du G20, le 2 avril à Londres, commencent à agir.
"Je pense que c'est une décision responsable, laquelle permet aussi de donner au G20 la chance de faire son travail le 2 avril", a souligné M. Khelil en quittant la réunion.
Pour Raad Alkadiri, la décision souligne "l'inquiétude de l'Opep en ce moment sur la demande". "Ils n'ont rien voulu faire qui puisse aggraver la destruction de la demande", a-t-il noté. "A long terme, l'Opep voudrait des prix plus élevés, à court terme, elle s'accommode de ce niveau de prix", a ajouté l'analyste.
A vouloir des prix trop élevés, l'Opep pourrait détourner du pétrole des consommateurs déjà affectés par la crise économique.
Le cartel a ainsi résisté aux pressions de certains pays membres qui réclamaient, quelques heures avant la réunion, une baisse de production, comme l'Algérie, le Venezuela ou la Libye.
A court terme, le marché risque toutefois de sanctionner cette décision. Sachant que le marché avait intégré dans les prix une petite réduction de l'offre, "on pourrait voir un mouvement de baisse", anticipe Dave Evans, de BetOnMarkets.
Le plafond actuel de production pour onze des 12 pays membres (l'Irak n'est pas soumis à des quotas), est fixé à 24,84 mbj.
Par ailleurs, le processus de rapprochement entre l'Opep et la Russie se poursuit. Invité à Vienne, le vice-Premier ministre russe Igor Setchin a indiqué que Moscou pourrait dans un proche avenir déléguer un représentant permanent auprès du cartel. Il a aussi déclaré que la Russie soutenait les efforts de l'Opep pour réduire les exportations pétrolières et rappelé qu'elle avait réduit l'an dernier ses propres exportations de 300.000 barils/jour.