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Paris se lance dans la course aux Gay Games

Paris souhaite accueillir les Gay Games 2018, la plus grande manifestation sportive et culturelle organisée par des athlètes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres). Explications du co-président du comité d’organisation Michel Geffroy.

Les Gay Games ont été créés il y a trente ans, en 1982, à San Francisco, en Californie, par le décathlonien olympique américain Tom Wadell, médecin de formation. Sept autres éditions ont depuis eu lieu : trois aux États-Unis (San Francisco en 1986, New York en 1994 et Chicago en 2006), deux en Europe (Amsterdam en 1998 et Cologne en 2010), une au Canada (Vancouver en 1990) et une en Australie (Sydney en 2002). La prochaine édition se déroulera en 2014 à Cleveland dans l'Ohio.

Les Gay Games sont une manifestation sportive et culturelle organisée par les athlètes, artistes, musiciens LGBT (lesbiennes, gay, bisexuels, transgenres). Les épreuves sportives sont avant tout un prétexte à une grande fête et à plusieurs manifestations artistiques. Il n’y a pas d’épreuves de qualification pour ces jeux. Toute personne peut participer, quel que soit son âge, son sexe, ses croyances religieuses et politiques, ses origines ethniques et son orientation sexuelle.

Paris, objectif 2018

Au printemps 2011, 30 associations LGBT françaises se sont regroupées pour porter, avec l’appui de la Fédération sportive gaie et lesbienne, la candidature de Paris pour la 10e édition des Gay Games en 2018. La capitale française, malheureuse lors de sa précédente candidature en 2010, a reçu dernièrement le feu vert des autorités pour l’organisation d’un tel événement.

Le comité d’organisation doit maintenant livrer d’ici à février 2013 le dossier complet de candidature à la fédération des Gay Games. Celle-ci retiendra ensuite en juillet trois villes finalistes, et y enverra des délégués en août. Avant un grand oral à Cleveland, en octobre, et la proclamation de la ville choisie.

Entretien avec Michel Geffroy, co-président du comité d’organisation Paris 2018.

FRANCE 24 : La ville de Paris est donc officiellement candidate aux Gay Games 2018 ?
Michel Geffroy : Nous avons reçu dès juillet dernier une lettre du maire de Paris, Bertrand Delanoé, qui nous apportait son soutien plein et entier. Depuis, nous avons recueilli les soutiens de nombreux maires d’arrondissement. Ce projet est accueilli favorablement quels que soient les partis politiques. Ainsi, nous devons rencontrer prochainement Thierry Rey, Roselyne Bachelot ou encore Chantal Jouanno.

F24 : Que représenterait l’organisation d’un tel événement pour la ville de Paris ?
M. G. :
Les Gay Games n’ont jamais eu lieu en France et c’est important qu’ils reviennent en Europe après Amsterdam en 1998 et Cologne en 2010. Organiser les Gay Games serait un vecteur d’intégration énorme. Cet événement est un outil de communication extraordinaire pour lutter par le sport et la fête contre les discriminations. Toutes les compétitions, mis à part certains galas, seront gratuites. Des milliers de supporters vont donc affluer à Paris. Pour le tourisme, l’hôtellerie c’est quelque chose d’important.

Soutenez la tenue des #Gaygames à #paris en 2018 un grand événement sportif culturel international ouvert à tous facebook.com/Paris2018?ref=…

— antoine boy (@antoineboy) Septembre 19, 2012

F24 : La dénomination "Gay Games" évoque une dimension communautaire, qu’en est-il réellement ?
M. G. : C’est effectivement le reproche que l’on nous fait souvent. Le nom peut faire penser à un rassemblement réservé à un seul type de population, alors que le but est complètement différent. À l’origine, lorsque que les Gay Games ont été crées en 1982 par le docteur Waddell, le besoin de revendication était très fort. Le message est aujourd’hui différent car il y a eu une énorme évolution. Mais il faut bien rappeler que les Gay Games sont ouverts à tous sans conditions d’âges, d’origines, d’opinions politiques, d’orientations sexuelles… Le slogan est : "Égalité et droits aux respects pour tous". À ce titre, tous les participants acceptent de promouvoir la lutte contre les discriminations.

F24 : En cas d’attribution, comment s’organiseront ces Gay Games dans la capitale française ?
M. G. : Ils se tiendront du 4 au 12 août 2018. Plus de 15 000 participants seront attendus dans 36 disciplines comme le volley-ball, la natation, le rugby, le football, mais également des sports plus insolites comme les échecs ou le bridge. Toutes les épreuves se dérouleront dans des infrastructures existantes, il n’y aura aucune nouvelle construction. Mais les Gay Games ne se résumeront pas qu’à l’aspect sportif, il y aura également tout un volet culturel avec des concerts, expositions, défilé de mode, chorales… L’objectif est d’organiser un véritable village des Gay Games sur la place de l’Hôtel de ville.

F24 : Quel serait le budget d’un tel événement ?
M. G. :
Le financement se divise en trois : un tiers provient des participants qui doivent s’acquitter d’une cotisation (200 dollars lors des Gay Games de Cleveland), un deuxième tiers provient des sponsors et le dernier tiers est assuré par l’État et les collectivités territoriales. Nous tablons sur un budget global comprit entre trois et cinq millions d’euros. Un montant à des années lumières de celui des JO de Londres par exemple (11,6 milliards d’euros). À titre de comparaison, Cologne a dépensé trois millions d’euros en 2010 et en 2014, Cleveland mise sur un budget de 5,4 millions d’euros.

À noter que ce sont les participants eux-mêmes qui prennent à leur charge leur voyage, hôtel et leurs dépenses sur place.

F24 : Comment jugez-vous vos adversaires dans la course à l’organisation ?
M. G. :
Quatre autres villes sont candidates : Orlando (en Floride), Limerick (en Irlande), Amsterdam (aux Pays-Bas) et Londres (au Royaume-Uni). Il ne faut prendre personne à la légère. Le travail de lobbying est comme toujours primordial et l’on sait qu’à ce jeu là, les Anglais sont redoutables.