À la veille de l'ouverture de l'Assemblée générale de l'ONU, le médiateur international Lakhdar Brahimi a placé lundi le sujet de la Syrie au centre de l'attention, alertant sur l'aggravation de la situation dans le pays.
Le pessimisme de Lakhdar Brahimi sur la Syrie et une diatribe du président iranien sur les sanctions ont placé d'emblée lundi ces dossiers sensibles au coeur des discussions à New York à la veille de l'ouverture de l'Assemblée générale de l'ONU.
Plus de 120 chefs d'Etat, Premiers ministres et ministres sont attendus à New York pour la 67e session de l'Assemblée.
Malgré le blocage du Conseil de sécurité sur la Syrie, en raison de l'opposition de Pékin et Moscou à des sanctions contre Damas, le conflit syrien devrait être largement évoqué au cours et en marge des travaux de l'Assemblée, de même que les ambitions nucléaires iraniennes.
itLundi, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi rendait compte au Conseil de sa récente visite en Syrie, au cours de laquelle il a rencontré le président Bachar al-Assad.
La situation est "extrêmement grave et se détériore de jour en jour", a déploré le médiateur. Mais il a aussi répété que pour l'instant, il n'avait "pas de plan" de règlement en bonne et due forme, seulement "quelques idées". C'est donc "l'impasse" et il n'y a "pas de progrès en vue", a-t-il déploré devant les journalistes à la sortie du Conseil.
Il ne désespère cependant pas de "trouver une ouverture dans un avenir pas trop éloigné". "Je refuse de croire que des gens raisonnables ne comprennent pas qu'on ne peut pas revenir en arrière, qu'on ne peut pas retourner à la Syrie du passé", a-t-il déclaré à l'adresse du régime de Damas qui réprime dans le sang une révolte populaire déclenchée en mars 2011: "Réformer n'est pas suffisant, ce qu'il faut c'est du changement".
Après avoir pris des contacts pendant l'Assemblée générale, M. Brahimi va retourner dans la région et il espère ensuite être en mesure de "présenter quelques idées sur la manière de procéder".
"N'oubliez pas que j'ai commencé il y a trois semaines seulement", a-t-il plaidé. M. Brahimi a remplacé Kofi Annan, qui n'était jamais parvenu à faire appliquer un cessez-le-feu théoriquement accepté par les deux parties et qui avait jeté l'éponge au bout de six mois.
Des diplomates ne se font guère d'illusions sur les chances de M. Brahimi de réussir là où Kofi Annan avait échoué.
Ahmadinejad fustige les grandes puissances
Selon le texte de son discours devant le Conseil, M. Brahimi a affirmé que les prisonniers subissaient des "formes médiévales de torture" et que plus d'un millier d'entre eux en était morts dans les centres de détention du régime. "La peur des agents (du régime) présents dans beaucoup d'hôpitaux dissuade les Syriens" de s'y faire soigner. Enfin, "la pénurie alimentaire menace à cause des mauvaises récoltes" et la plupart des Syriens ont du mal à se procurer des médicaments, notamment dans les zones de combats.
L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi a déclaré lundi devant le Conseil de sécurité que le régime syrien estimait à 5.000 le nombre d'étrangers prenant part aux combats dans le pays et qu'il dépeignait de plus en plus la guerre civile comme "une conspiration de l'étranger", ont déclaré à l'AFP des ambassadeurs présents lors de la réunion.
La guerre civile en Syrie a fait 29.000 morts en 18 mois selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Pendant que M. Brahimi s'adressait aux grandes puissances membres du Conseil, le président iranien s'en prenait violemment à ces mêmes pays. Comme chaque année, le président iranien a profité de la tribune que lui offre l'Assemblée générale de l'ONU pour fustiger les puissances occidentales qui impose des sanctions à l'Iran à cause de son programme nucléaire.
Lors d'un débat aux Nations unies, Mahmoud Ahmadinejad a accusé Washington, Paris et Londres de "violer les droits et libertés d'autres nations" en sanctionnant l'Iran pour son programme nucléaire controversé.
Les Occidentaux et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que Téhéran nie.
S'adressant ensuite à des compatriotes, il a affirmé que l'Iran ne prêtait "aucune attention" aux menaces de frappes israéliennes contre ses installations nucléaires et que les sanctions occidentales affectaient davantage l'économie européenne que celle de son pays.
AFP