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Journée à haut risque dans le monde musulman

En ce jour de prêche hebdomadaire dans le monde musulman, les Occidentaux s'inquiètent des appels à manifester contre le film "L'innocence des musulmans". Au Pakistan, des échauffourées ont déjà fait deux morts et une quinzaine de blessés.

Ce vendredi sera-t-il celui de tous les débordements dans le monde musulman ? Les Occidentaux s'attendent, en effet, en ce jour de grande prière dans les pays musulmans, à de nouvelles protestations contre le film islamophobe "L'innocence des musulmans". 

Au Pakistan, ce matin, deux cinémas de la ville de Peshawar (nord-ouest) ont été incendiés par des manifestants en colère, a indiqué la police. Le chauffeur d'une chaîne de télévision pakistanaise, un policier ainsi qu'un manifestant sont décédés des suites de leurs blessures et au moins quinze personnes ont été hospitalisés après des échauffourées, selon une source médicale.

En Indonésie, quelques dizaines de membres du parti islamiste Islamic Defenders Front (FPI) ont brûlé le drapeau américain devant le consulat des États-Unis à Medan (Sumatra). "Insulter le prophète Mahomet mérite la mort" et "Israël et l'Amérique sont des nations terroristes" pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants, a constaté un photographe de l'AFP.

Environ 200 personnes ont également manifesté devant le consulat de France à Surabaya (est de Java) aux cris de "Mort à l'Amérique, mort à la France".

Au Bangladesh, environ 10 000 personnes ont clamé leur colère à Dacca, la capitale, sans pour autant provoquer de heurts. Une effigie du président américain Obama ainsi qu'un drapeau français ont été brûlés. Les autorités françaises ont décidé de fermer trois centres culturels et leur ambassade à Dacca suite à ces incidents.

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Les précisions au Pakistan à 11h30
Journée à haut risque dans le monde musulman

Pour la première fois, la France craint d'être une cible privilégiée pour les intégristes religieux après la publication de caricatures - très crues - du prophète Mahomet dans le journal français satirique "Charlie Hebdo". L'Hexagone redoute également des attaques contre ses intérêts à l'étranger.

Paris a donc pris des "précautions de sécurité particulières" pour protéger ses missions diplomatiques et ordonné la fermeture ce vendredi des ambassades, consulats et écoles françaises dans une vingtaine de pays musulmans.

Autre signe de l'inquiétude française, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a invité jeudi soir les ressortissants français à la prudence, leur conseillant "de préférence" de rester chez eux. Il s'est aussi dit "soucieux" pour les soldats français en Afghanistan et au Liban.

"Les États-Unis sont une nation qui respecte toutes les croyances"

Autant de recommandations suivies par les États-Unis qui ont, de leur côté, annoncé la fermeture de leurs missions diplomatiques en Indonésie - le pays musulman le plus peuplé au monde - et conseillé à leurs ressortisants de différer tout voyage "non essentiel" dans les pays musulmans. Mais ce n'est pas tout.

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"Les États-Unis respectent les différentes croyances"
Journée à haut risque dans le monde musulman

Dans ce contexte extrêmement tendu, Washington a également décidé de jouer la carte médiatique. Le gouvernement américain a annoncé jeudi avoir acheté des espaces publicitaires sur des chaînes de télévision pakistanaises pour diffuser des spots - de trente secondes - destinés à calmer la colère des musulmans contre le film. "Depuis leur naissance, les États-Unis sont une nation qui respecte toutes les croyances. Nous rejetons tous les efforts que font certains pour dénigrer les croyances religieuses des autres", affirme Barack Obama dans ces publicités.

De son côté, Youtube, détenu par Google, a restreint l'accès au film dans plusieurs pays, à commencer par l'Egypte et la Libye, où ont démarré les violences. D'autres, comme le Pakistan et le Soudan, ont bloqué eux-mêmes l'accès à la vidéo.

Le film anti-islam, de piètre qualité cinématographique, prétend raconter la vie de Mahomet et présente le prophète et les musulmans en général comme immoraux et violents.

Depuis dix jours, plus de trente personnes ont été tuées dans des manifestations au Soudan, en Tunisie, en Libye, au Yémen dirigées contre ce film islamophobe. Et, les rassemblements n'ont connu jeudi qu'un léger essoufflement. A Islamabad, Kaboul et Téhéran, plusieurs milliers de manifestants, pour la plupart armés de bâtons, ont défilé, provoquant des échauffourées avec la police.

Tunis interdit tout rassemblement

La Tunisie a annoncé qu'elle interdirait toute manifestation ce vendredi, à cause des risques "de violences". Après les heurts aux abords et à l'intérieur de l'ambassade américaine à Tunis vendredi dernier - qui avaient fait trois morts et 28 blessés -, le ministère tunisien de l'Intérieur a décreté l'interdiction de tout rassemblement afin de "prévenir des pertes humaines et matérielles".

"Les autorités sont en alerte maximale", précise David Thomson, le correspondant de FRANCE 24 à Tunis.

La police tunisienne avait été très critiquée après avoir été totalement débordée par les manifestants. Elle avait été accusée d'avoir déployé un cordon de sécurité largement insuffisant devant la représentation diplomatique américaine, alors que des mouvements radicaux avaient annoncé vouloir s'y rendre.

À Jakarta, Bernad Abdul Jabar, l'un des coordinateurs des manifestations en Indonésie, a assuré lui aussi qu'aucun rassemblement n'était prévu ce vendredi.