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La tête de Salman Rushdie mise à prix 3,3 millions de dollars

Victime collatérale des tensions qui secouent le monde musulman ces derniers jours, l'écrivain Salman Rushdie est à nouveau menacé de mort. La prime iranienne pour tuer l'auteur des "Versets sataniques" a été augmentée de 500 000 dollars.

La Fondation du 15 Khordad, l’organisation religieuse iranienne qui a mis à prix la tête de Salman Rushdie en 1989, a augmenté à 3,3 millions de dollars la prime pour l'assassinat de l’écrivain, quelques jours après les troubles suscités à travers le monde par le film islamophobe "l’Innocence des musulmans". L’écrivain britannique, né à Bombay, s’apprête à sortir son dernier livre, "Joseph Anton", dans lequel il raconte ses mémoires.

En février 1989, une "fatwa" (décret religieux) de l'imam Khomeiny, chef de la révolution islamique iranienne, avait condamné à mort l’auteur pour son livre "Les Versets sataniques", jugé blasphématoire, et avait alors appelé tous les musulmans à exécuter l’écrivain.

La prime promise par la Fondation du 15 Khordad, proche du pouvoir, a été augmentée dimanche de 500 000 dollars, à 3,3 millions de dollars, a déclaré son chef actuel, l’ayatollah Hassan Sanei, dans un communiqué cité par les agences de presse locales Fars, Mehr et Isna.

"Tant que l'ordre historique de Khomeiny de tuer l'apostat Salman Rushdie [...] n'aura pas été exécuté, les attaques [contre l'islam] comme celle de ce film offensant le prophète se poursuivront", a déclaré l'ayatollah.

"Très approprié de tuer Rushdie en ce moment"

"L'ordre de tuer Rushdie avait été donné pour éradiquer les racines de la conspiration anti-islamique, et il serait très approprié de l'exécuter en ce moment. C'est pourquoi j'ajoute 500 000 dollars à la récompense pour tuer Rushdie", a-t-il ajouté.

Un film dénigrant l'islam réalisé aux États-Unis "Innocence of Muslims" ("L’innocence des musulmans") a provoqué de violentes manifestations cette semaine dans de nombreux pays du monde. En Libye notamment, l'ambassadeur américain à Benghazi a été tué au cours d’un assaut sanglant lancé contre le consulat des États-Unis.

La "fatwa" contre Salman Rushdie a entraîné une crise entre Londres et Téhéran qui a duré plusieurs années.

Pour en sortir, le gouvernement du président réformateur Mohammad Khatami s'était engagé en 1998 à ce que l'Iran ne fasse rien pour appliquer ce décret qui avait poussé l'écrivain à vivre caché pendant une dizaine d'années.

Mais le Guide de la République islamique et successeur de Khomeiny, l'ayatollah Ali Khamenei, a, en janvier 2005, répété la condamnation à mort de Salman Rushdie, réaffirmant qu’il était un apostat et devait être tué.

Et le gouvernement du président conservateur Mahmoud Ahmadinejad a déclaré la "fatwa toujours valide" en février 2007.

(FRANCE 24 avec dépêches)