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La vidéo embarrassante qui pourrait coûter la présidentielle à Romney

Un journal américain a publié une vidéo, tournée en caméra cachée, dans laquelle le candidat républicain ironise sur la mentalité "de victimes" des électeurs démocrates et enterre le processus de paix israélo-palestinien.

Les nuages s'amoncellent au-dessus du camp républicain. Après les déclarations hasardeuses du candidat Romney sur la politique étrangère de Barack Obama, l'accumulation de ses bourdes diplomatiques, son retard dans les sondages, le candidat conservateur se retrouve une nouvelle fois sous le feu des projecteurs grâce à un de ses désormais célèbres faux pas.

Lundi 17 septembre, le journal américain "Mother Jones", marqué à gauche, a diffusé une vidéo de l’ancien gouverneur du Massachusetts, visiblement enregistrée à son insu, lors d'une séance de levée de fonds, fermée à la presse. La date de l'événement n'a pas été précisée et seul Mitt Romney est reconnaissable à l'écran, la scène étant floutée. Si l'authenticité de la vidéo n'a pu être établie, la voix de l'orateur semble bien être celle du candidat républicain à la présidentielle.

Pour espérer fouler le sol de la Maison Blanche, Mitt Romney n’hésite pas à railler la moitié de l’électorat américain, des "victimes", selon ses termes, "qui pensent que le gouvernement doit s'occuper d'eux, qui pensent qu'ils ont le droit d'avoir accès à une couverture santé, à de la nourriture, à un toit, à tout ce que vous voulez". Des assistés, en somme.

"Ce sont des gens qui ne paient pas d'impôts"

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Les explications du correspondant de France24
La vidéo embarrassante qui pourrait coûter la présidentielle à Romney

Ces gens, poursuit-il, estiment "que c'est quelque chose qui leur est dû, que le gouvernement devrait le leur donner". "Et ils voteront pour ce président [Obama] quoi qu'il arrive. Ce sont des gens qui ne paient pas d'impôts", explique-t-il, en se disant certain qu'il ne réussira pas à les convaincre de voter pour lui. "Mon travail de candidat n'est pas d’essayer de les atteindre. Jamais je ne parviendrai à les convaincre de se prendre en main et de pourvoir par eux-mêmes à leurs besoins. Mon travail est d’essayer de convaincre les 5 à 10 % d'électeurs du centre, les indépendants […]".

Ce discours, tenu à une table où chacun des 150 convives a dû débourser 50 000 dollars pour approcher le candidat républicain, fait évidemment les choux gras de la campagne démocrate. "Il est choquant qu'un candidat à la présidence des États-Unis dise, derrière des portes closes, à un groupe de riches donateurs que la moitié des Américains se considèrent comme des 'victimes' [...] et ne sont pas prêts à 'prendre leurs vies en main", a affirmé le directeur de campagne du dirigeant démocrate sortant, Jim Messina.

Manifestement embarrassé par cette affaire, Mitt Romney s’est défendu quelques heures plus tard devant la presse à Orange County, en Californie. "Ce n’est pas élégant, [....] Mais c'est ce même message que je délivre aussi aux Américains en public", a-t-il plaidé. Car, sur le fond, il ne regrette rien. Oui, affirme-t-il, il aurait pu tourner ses propos de manière moins décomplexée. Mais non, il ne retire rien à propos de ces 47 % d'Américains qui vivent, selon lui, aux crochets de l'État.

"Les Palestiniens ne s'intéressent pas à la paix"

Alors que Mitt Romney tente d’éteindre la polémique, "Mother Jones" a mis en ligne mardi 18 septembre un second extrait dans lequel le républicain aborde la politique étrangère. Devant ses donateurs, il explique sans détour que le processus de paix israélo-palestinien est voué à l’échec. Il affirme que les Palestiniens "ne s'intéressent absolument pas à la paix" avec Israël et "qu'un cheminement vers la paix est presque absolument impensable".

Mitt Romney annonce également que s’il était élu, le mieux serait de ne rien faire. "Vous gérez les choses du mieux que vous pouvez. Vous espérez une certaine stabilité, mais vous reconnaissez que cela va rester un problème sans solution, et vous remettez le problème à plus tard en espérant qu'en fin de compte, d'une façon ou d'une autre, quelque chose va se produire et le résoudre", dit-il.

Depuis le début de sa campagne, le candidat conservateur n’a cessé de montrer son soutien envers Israël, un pays qu'il a accusé le président Obama d'avoir "laissé tomber". Dans le même temps, il a accumulé les bourdes envers la communauté palestinienne. Mitt Romney s’était attiré les foudres des Palestiniens il y a quelques semaines en déclarant que l’écart entre leur niveau économique et celui d'Israël s'expliquait par une différence de "culture". Il avait aussi suscité leur colère en qualifiant la Ville Sainte de "capitale d'Israël", alors que les Palestiniens souhaitent en faire la capitale de leur futur Etat.